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Fiction: une onde malfaisante au sein de l'Assemblée de la SDN Featured

August 6th, 2024
geneveMonde

Un été de lecture: la Genève internationale dans les romans

Après une série estivale dédiées aux archives sonores des Rencontres internationales de Genève en 2023, geneveMonde.ch se consacre, pour cette nouvelle série d'été, à des écrivaines et des écrivains qui se sont inspirés de la Genève internationale ou qui ont eu un lien personnel avec elle.

Noëlle Roger (1874 - 1953) : Roger, le chercheur d'ondes

Protestante d’origine genevoise, Noëlle Roger a signé de nombreux romans, dont des récits fantastiques. Dans Roger, le chercheur d’ondes, paru en 1931, elle se sert du cadre de la Société des Nations pour dénoncer l’impact des sciences et des technologies sur l’homme.

Biographie de l’autrice:

Noëlle Roger, de son vrai nom Hélène Dufour, naît à Genève en 1874. Issue d’une famille protestante aisée, elle enseigne durant 30 ans à l’Ecole supérieure des filles. Elle est également romancière et éditorialiste à Radio-Genève à partir de 1946 et signe une œuvre littéraire riche, composée d’une cinquantaine d’ouvrages. Elle meurt à Genève en 1953.

En 1896, elle écrit son premier roman Larmes d'enfant sous le pseudonyme Noëlle Roger, inspiré des prénoms de ses frères Léon et Roger. En 1900, elle épouse Eugène Pittard (1867-1962), anthropologue et fondateur en 1901 du Musée d’ethnographie de Genève. Elle voyage avec son mari en Albanie, en Roumanie, en Anatolie, en Algérie et en Tunisie et ces voyages inspirent nombre de ses romans, tels La Route de l’Orient. Premier contact avec l'âme turque paru en 1914 ; La Nouvelle Roumanie paru en 1926 ou encore En Asie mineure. La Turquie de Ghazi paru en 1930. Outre des romans psychologiques, Noëlle Roger signe également plusieurs romans de science-fiction entre 1922 et 1941, dont Roger, le chercheur d’ondes paru en 1931, dans lequel elle critique les effets de la science et de la technologie sur l’homme et sa spiritualité.

Résumé du livre Roger, le chercheur d’ondes :

L'histoire commence avec Jean Lanouze, un romancier célèbre, appelé à témoigner dans une affaire de meurtre. L'histoire se développe autour des expériences de Zambru, un scientifique ambitieux et mystérieux qui travaille sur la P.S.F. (Pensée Sans Fil), une technologie révolutionnaire capable de capter et projeter les ondes psychiques humaines. S’ensuit une discussion entre Zambru et Lanouze sur les implications éthiques et scientifiques de cette technologie.

Lanouze, à la fois fasciné et effrayé par les possibilités offertes par la P.S.F., est amené à réfléchir sur les conséquences potentielles de pouvoir contrôler ou lire les pensées des autres, y compris celles de Claudie, une femme qu'il aime profondément. Lanouze commence à craindre les répercussions de cette technologie sur la société, notamment la perte du libre arbitre et la possibilité d'un contrôle mental à grande échelle.

Une enveloppe à ouvrir en 2031

Le récit atteint un point critique lorsque Lanouze commence à ressentir physiquement les effets des ondes psychiques. Il se retrouve perdu dans un mélange de réalité et de perceptions altérées, luttant pour maintenir sa propre lucidité. Zambru finit par vouloir détruire ses appareils et cacher ses découvertes, réalisant enfin l'étendue des dangers de sa création. Il confie à Lanouze une enveloppe contenant les plans et les formules de la P.S.F., destinée à être ouverte en 2031 par l'Académie des sciences, espérant que d'ici là, l'humanité sera prête à gérer une telle technologie.

Le roman se déroule en partie à Genève, en lien direct avec la Société des Nations. Lanouze se retrouve au cœur des débats de l'Assemblée générale, où les tensions internationales et les discours sur la paix et le désarmement sont omniprésents. Quelques passages du livre offrent une critique implicite de l'efficacité et des dynamiques de la SDN. Les scènes décrivent des délégués, diplomates et journalistes qui se pressent pour suivre les débats, reflétant les espoirs placés dans cette institution internationale pour maintenir la paix. Le récit suggère aussi une certaine superficialité et inefficacité dans les discussions internationales.

La machine à capter les ondes psychiques influence les délégués de la Société des Nations. Les ondes de haine sont amplifiées, créant le chaos au sein de l'assemblée des diplomates.

Le lecteur est mis face à une institution paralysée par des discours répétitifs et des formules vides. Les nations continuent de s'armer en secret malgré les engagements publics pour la paix, révélant une profonde hypocrisie et une incapacité à instaurer une véritable sécurité mondiale. Or Lanouze découvre que la machine de Zambru est utilisée pour influencer les débats à la Société des Nations. Perrière, un ingénieur ambitieux, se sert de la machine pour enregistrer et amplifier les ondes de haine et de peur parmi les délégués, exacerbant les tensions et le chaos au sein de l'Assemblée. L'utilisation de la machine entraîne des conséquences graves, telles que des crises de panique à la Bourse et le chaos au sein de l'Assemblée de la Société des Nations. Lanouze met en garde Perrière qui prend le risque de déclencher une guerre, mais Perrière reste insouciant, démontrant ainsi les dangers de l'irresponsabilité technologique​.

En résonnance avec notre monde actuel

Le roman de Noëlle Roger apparaît comme une mise en garde contre la déshumanisation et les dangers inhérents à la quête de puissance. La machine de Zambru, capable de manipuler les pensées et les émotions, constitue une menace à l'autonomie de l’homme et à la sécurité de l'humanité. Lanouze, en particulier, ressent une profonde culpabilité et une crise morale en réalisant que la machine pourrait causer des désastres universels et personnels. Le récit montre comment la technologie peut être détournée à des fins destructrices et manipuler les esprits pour provoquer des conflits à grande échelle​. Lanouze est hanté par la perspective que cette technologie puisse aussi détruire les relations humaines authentiques, exemplifiée par sa relation compliquée avec Claudie. En conclusion, Roger, le chercheur d'ondes est une réflexion intense sur les promesses et les périls de la science et de la technologie, qui n’est pas sans provoquer quelques résonnances avec le monde actuel.

Véronique Stenger

Le chercheur d'ondes peut être lu au format pdf grâce au travail de la Bibliothèque numérique romande. Pour accéder au livre cliquez ici.

D'autres titres de Noëlle Roger sont également été publié par la Bibliothèque numérique romande.

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