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Fiction: les désillusions d'un jeune fonctionnaire de la SDN Featured

August 16th, 2024
geneveMonde

Un été de lecture: la Genève internationale dans les romans

Après une série estivale dédiées aux archives sonores des Rencontres internationales de Genève en 2023, geneveMonde.ch se consacre, pour cette nouvelle série d'été, à des écrivaines et des écrivains qui se sont inspirés de la Genève internationale ou qui ont eu un lien personnel avec elle.

Marcel Rouff (1877 - 1936): Sur le quai Wilson

Né en 1877 à Carouge, Marcel Rouff est un historien, écrivain, romancier et poète d’origine juive. Il passe son enfance à Paris et suit des études de lettres à la Sorbonne. Il rédige une thèse de doctorat sous l’influence de Jean Jaurès intitulée Les Mines de charbon en France au XVIIIe siècle, publiée en 1922. Il démarre sa carrière d'écrivain en publiant des recueils de poésie. Durant la Première Guerre mondiale, il rédige des chroniques pour la Tribune de Genève. Il est également l’auteur de nombreux romans, dans lesquels il aborde l’un de ses thèmes de prédilection : la gastronomie. En 1920, paraît pour la première fois La vie et la passion de Dodin-Bouffant, gourmet, qui fera l’objet de plusieurs rééditions. Puis en 1926, il publie Sur le quai Wilson, seul roman abordant le thème de la Genève internationale. Marcel Rouff meurt à Paris en 1938.

Résumé de l’ouvrage :

Avec Sur le quai Wilson, Marcel Rouff nous invite à suivre le parcours de Morchaud, jeune Français engagé après la Première Guerre mondiale comme fonctionnaire international à la Société des Nations. Sous la plume de Marcel Rouff, Morchaud apparaît comme un idéaliste et un humaniste pour qui l’entrée dans la Société des Nations représente «un grand Idéal Moderne», l’occasion d’œuvrer pour le bien-être de l’humanité et non plus dans l’intérêt mesquin et étroit des nations. Se confiant à son ami Duvillier, qui cherche à le mettre en garde contre ce qu’il perçoit comme des illusions, Morchaud déclare :

«Je sens bouillonner en moi tant de devoirs jeunes. Songe que je vais travailler, là-bas, à la prospérité de ce Pacte sacré, à peine en action encore, mais qui est l’avenir, qui est la conscience des temps futurs, au sein duquel, dans vingt ans, dans cinquante ans, dans un siècle, les patries se fondront, s’anéantiront peu à peu, les patries avec leurs préjugés, leurs mœurs rétrécies, leurs intérêts limités, leurs obligations étroites, leur sauvagerie certaine… Je me suis détaché jadis de ma famille personnelle au profit de la France, je me détache aujourd’hui de la France au profit de l’Humanité.»

« Le travail de Genève, dépouillé du sophisme dans lequel on l’avait enveloppé et de son manteau d’apparences, revenait, en fin de compte, par un détour, au vieux, au classique travail des chancelleries : inventer des moyens termes, créer des formules vides, mais conciliatrices.»

Mais arrivé à Genève, Morchaud va de désillusion en désillusion. La Société des Nations, loin de représenter la société désintéressée à laquelle il aspire, grouille d'esprits étroits, intéressés et calculateurs. Les discussions à l’Assemblée générale sont menées par des délégués que Morchaud compare à des « vendeurs du Temple», qui « n’apportaient aucun élément nouveau à la résolution du problème, en embrouillaient les termes, en enveloppaient dans une nuit d’éloquence la solution. La magnifique unité de l’Idée était morcelée, déchiquetée, grignotée par tant de discours et tant d’arguments».

La conclusion à laquelle arrive Morchaud tranche avec l’idéalisme du début: « Le travail de Genève, dépouillé du sophisme dans lequel on l’avait enveloppé et de son manteau d’apparences, revenait, en fin de compte, par un détour, au vieux, au classique travail des chancelleries : inventer des moyens termes, créer des formules vides, mais conciliatrices.»

La contradiction entre l’idéal universel et l’intérêt particulier qu’il perçoit chez les fonctionnaires et les délégués qu’il côtoie gagne aussi Morchaud, qui finit par se demander comment œuvrer à la construction d’une société universelle, alors qu’il est lui-même « lié irréductiblement aux formes les plus traditionnelles de la Patrie».

En suivant les pensées, les espérances, les déceptions et les questionnements de Morchaud, le roman de Marcel Rouff nous invite à une réflexion stimulante et toujours d’actualité sur les raisons de l'échec des ambitions de paix universelle portées par les organisations internationales, qu’il faut chercher, peut-être, dans l’idée même de Patrie ou de Nation.

Véronique Stenger

Sur le quai Wilson peut être lu au format pdf grâce au travail de la Bibliothèque numérique romande. Pour accéder au livre cliquez ici.

D'autres titres de Marcel Rouff sont également été publié par la Bibliothèque numérique romande.

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