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Millions de signatures pour le désarmement Featured

Pascal Praplan

Automne 1931. Les nationalismes belliqueux s’exacerbent, tant en Allemagne qu’en Italie ou encore au Japon. En face, les pacifismes ne sont pas en reste, qui ont donné naissance depuis la fin de la Grande Guerre à une myriade d’initiatives. Celles-ci représentent alors des sensibilités fort différentes : héroïque à la Gandhi ; chrétienne, acceptant les « guerres justes » ; économique – les échanges favorisant la paix ; juridique, qui en appelle à des organismes supranationaux comme la Société des nations (SdN) ; communiste ou socialiste marxiste, aussi appelée « pacifisme de circonstance »(1). genevemonde.ch/entries/q3B04J6...

Au-delà des associations régionales ou nationales naissent également des organisations internationales – souvent d’origine religieuse ou syndicale – qui multiplient congrès et rencontres. Il y a le très actif Bureau international de la paix (2), prix Nobel de la paix en 1910, qui a déménagé de Berne à Genève en 1924 pour être plus proche de la SdN. Il y a aussi le Congrès démocratique international pour la paix (3) qui s’efforce de rapprocher les jeunesses des potentiels belligérants. Ou encore, dès 1932, le plus orienté Congrès mondial contre la guerre (impérialiste) (4) fondé à la suite de l’appel dans L’Humanité de deux écrivains, Henri Barbusse et Romain Rolland… ###

Associations de femmes en pointe Mais c’est du côté des femmes que le militantisme pour la paix se montre le plus actif et le plus… démonstratif. A la veille de la Conférence mondiale pour le désarmement et pour en « promouvoir le succès » (5) naît en septembre 1931 une très large organisation, le Comité du désarmement des organisations féminines internationales. Il revendique 45 millions de membres dans 56 pays (6) et réunit aussi bien des chrétiennes que des suffragettes, des universitaires que des femmes professionnelles ou encore des soroptimistes… Les responsables de ces organisations féminines, sous la houlette de l’activiste américaine Mary A. Dingman, présidente du Comité, « s’engagent, par tous les moyens en leur pouvoir, à aider à organiser la vaste et croissante opinion publique en faveur de la Conférence ainsi qu’à la réalisation d’un appel mondial pour le désarmement et la sécurité» (7). Et elles vont tenir parole. Début février 1932 s’ouvre la première session de la Conférence pour le désarmement. Mme Dingman prononce le premier discours de la séance du samedi, dans lequel elle souligne « l’espérance que l\[cette\] Conférence a mise au cœur de toutes les femmes que torture la crainte de la guerre. » (8) Les 200 à 300 déléguées de son Comité sont massées autour de la tribune après avoir défilé en ville depuis le palais Eynard. « Toutes elles portent un brassard blanc avec le mot Pax et, sur leurs poitrines, un large ruban indiquant en lettres vertes le nom du pays qu’elles représentent. » (9) Puis elles viennent, l’une après l’autre, déposer sur le bureau présidentiel des ballots de signatures en faveur du désarmement « sous les projecteurs des appareils cinématographiques » (10). Même si les chiffres du moment divergent (11), la collecte a été des plus fructueuses, notamment en Grande-Bretagne et aux Etats-Unis (plus de 2 millions pour chaque pays), ou encore en Suisse (322’000). ### Désarmement moral Le Comité mondial du désarmement des organisations féminines ne va pas s’arrêter à ce coup d’éclat. Dans une correspondance nourrie avec les responsables de la Conférence, il se tourne ensuite vers le « désarmement moral ». Ce désarmement, note-t-il dans une communication au président de la Conférence, « ne consiste pas seulement à abolir l’esprit d’antagonisme, mais aussi à faire naître un esprit de compréhension mutuelle » (12). On le sait, ce bel élan pacifiste, partagé par des sociétés civiles du monde entier, allait se briser sur une course aux armements dans un contexte de crise économique et de radicalisation des idéologies politiques – même si, « après le choc de la Seconde Guerre mondiale, \[…\] les Nations Unies reprirent les négociations multilatérales sur le désarmement. » (13) 1. D’après la classification du philosophe Max Scheler, cité par Vincent Rauzier. *Logiques nationales, internationales et identitaires : une histoire du pacifisme du Bureau International de la Paix dans l’entre-deux guerre*, Histoire. 2009. dumas-00424137, pp. 6-7. 2. ipb.org/history/over-a-century...genevemonde.ch/tags/more-118">... 3. cairn.info/revue-histoire-poli... 4. books.openedition.org/psorbonn... 5. Lettre du 15.09.1931 du Comité à Eric Drummond, secrétaire général de la SdN et à Thanassis Aghnides, chef de la section désarmement de la SdN archives.ungeneva.org/correspo... , pp. 50-53. 6. *Gazette de Lausanne* du 8 février 1932, p. 1. 7. Lettre du 15.09.1931 du Comité à la SdN, idem, soulignement des auteures, traduction par nos soins. 8. *Journal de Genève* du 7 février 1932, p. 10. 9. *Gazette de Lausanne* idem. 10. Ibid. 11. *La Gazette de Lausanne* parle de 8,3 millions de signatures, le Journal de Genève de 5,7 millions. 12. Lettre du 15.09.1931 du Comité à la SdN, p. 10. 13. geneve-int.ch/fr/node/3965

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Pascal Praplan
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Feb 21st, 2023
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