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Le CICR durant les deux Guerres mondiales et dans la seconde partie du XXe siècle

February 19th, 2021
Les Archives du CICR

La Première Guerre mondiale a marqué par un engagement exceptionnel le CICR que pour la Croix-Rouge en général. Intervenant sur une échelle encore jamais imaginée, les Sociétés nationales ont mis à disposition des volontaires pour les services d’ambulances et autres activités menées derrière les lignes de front, tandis que le CICR étendait son action de protection des prisonniers de guerre.

Le CICR a ouvert l’Agence internationale (AIPG)– un bureau central pour les listes de prisonniers et l’envoi de colis d’articles de secours. Il a aussi étendu son action afin d’inclure les messages destinés aux civils (très nombreux à se trouver derrière les lignes ennemies et coupés de leurs proches).

Dans le cadre de son action visant à s’assurer que le droit humanitaire reste adapté aux nouvelles réalités, le CICR a lancé un appel en février 1918, demandant aux belligérants de cesser d’utiliser des gaz toxiques.

Marguerite Frick Cramer devient la première femme déléguée du CICR.

Entre-deux-guerres (1918-1939)

La guerre de 1914-1918 est alors décrite comme celle qui « mettrait fin à toutes les guerres ». L’accent est mis sur la paix qu’il faut préserver et la Croix-Rouge commence à s’organiser dans cette voie.

Cependant, les événements vont démontrer le contraire. Les blessures mal cicatrisées de la Première Guerre mondiale, les désastres financiers et la montée du nationalisme engendrent un certain nombre de conflits dans lesquels le CICR déploie ses activités, aussi bien en Europe que dans des pays lointains – en Asie, en Afrique et en Amérique latine.

L’institution est surtout confrontée de plus en plus souvent à des conflits internes, avec un nombre croissant de victimes civiles. Les bases juridiques dont elle a besoin lui font défaut et malgré tous ses efforts pour que les gouvernements adoptent de nouvelles lois visant à protéger les civils, ce vide juridique aura des conséquences catastrophiques après 1939.

La Seconde Guerre mondiale

La source primaire et la source la plus fiable sur le rôle de la Croix-Rouge pendant la Seconde Guerre mondiale sont les trois volumes du Rapport du Comité international de la Croix-Rouge sur son activité pendant la Seconde Guerre mondiale (1er septembre 1939 - 30 juin 1947) et les Documents sur l'activité du Comité International de la Croix-Rouge en faveur des civils détenus dans les camps de concentration en Allemagne (1939 - 1945), écrits par le Comité international de la Croix-Rouge lui-même.

Durant la Seconde Guerre mondiale, l'action de la Croix-Rouge est controversée. On lui reproche d'une part sa passivité et son aveuglement face aux barbaries nazies, et d'autre part sa collaboration active avec le régime nazi. À partir de l'été 1942, les dirigeants du CICR ont pris conscience du génocide juif24. Mais le CICR « n'a pas pris le risque suprême de jeter en faveur de ces victimes tout le poids de son autorité morale ». La crainte de compromettre les activités dont le CICR pouvait effectivement s'acquitter en faveur des prisonniers de guerre a certainement joué un rôle, ainsi que des motifs moins avouables tels que défendre les intérêts de la Suisse et que certains de ses membres n’auraient pas été exempts d’antisémitisme. D’autres, enfin, souhaitaient préserver leur bonne entente avec la Croix-Rouge allemande qui, depuis longtemps, avait exclu les juifs de tous les postes de responsabilité pour les remplacer par des sbires à la solde du régime. Au printemps 1942, ces derniers annonçaient au siège genevois que toute recherche portant sur des prisonniers en camps de concentration et des disparus « non aryens » ne serait plus traitée. Les inspections de camps étaient rares et donnaient lieu à des mises en scène de la part des responsables des sites concentrationnaires. L’exemple le plus frappant est celui de Theresienstadt, où le délégué du CICR se laissera aller à admirer cette « ville offerte aux juifs » par le Führer, d'après le titre alternatif de Theresienstadt, un film de propagande que les nazis firent tourner25 par Kurt Gerron.

En réponse aux critiques, « le CICR a mandaté le professeur Jean-Claude Favez pour mener une enquête indépendante sur son action en faveur des victimes des persécutions nazies et lui a donné libre accès à ses archives relatives à cette période; dans un souci de transparence, le CICR a également décidé d'ouvrir aux historiens ses dossiers d'archives de plus de 50 ans ; ayant pris connaissance des conclusions de l'ouvrage du professeur Favez, le CICR a reconnu ses manquements passés et exprimé ses regrets à ce propos ».

Plus encore que l'absence de dénonciation publique, c'est la timidité des démarches confidentielles qui pèse dans ce bilan. Il ressort de ce bilan que l'action du CICR en faveur des victimes civiles du nazisme a été un échec, ce que le CICR reconnaît clairement.

Pendant l'hiver 1941-42, un certain nombre de médecins et d'infirmières suisses partirent par ailleurs en mission humanitaire sur le Front de l'Est, notamment à Smolensk, sous les auspices de la Croix-Rouge suisse, et avec la bénédiction des autorités allemandes. Ces médecins et ces infirmières furent déployés dans les hôpitaux militaires allemands, pour faire face à un afflux massif de grands blessés de guerre. Après la guerre, ces hommes et ces femmes furent accusés d'avoir trahi l'idéal et la neutralité de la Croix-Rouge.

Mais en 1944, compte tenu d'un contexte très peu favorable aux actions humanitaires, et d'une situation extrêmement difficile pour la Croix-Rouge en Europe, le CICR a reçu le prix Nobel de la paix, le seul décerné au cours de la période 1939-1945.

En août 1945, le délégué Marcel Junod est basé au Japon afin de fournir de l'assistance aux prisonniers de guerre. Après le bombardement d'Hiroshima, il organise rapidement une mission d'assistance et devient le 8 septembre le premier médecin étranger à atteindre le site. Il était accompagné d'un groupe de travail d'enquête américain, de deux médecins japonais et de 15 tonnes de fournitures médicales. Il y est resté cinq jours, au cours desquels il a visité tous les grands hôpitaux, a administré la distribution des fournitures et a personnellement dispensé des soins médicaux.

Depuis 1945 : quelques pages d'histoire

La Seconde Guerre mondiale, caractérisée par l'horreur des massacres et la souffrance, s'est achevée sur une démonstration dévastatrice, avec une arme nucléaire dont la puissance semblait à peine imaginable.

Tandis que l'Europe – où la plupart des conflits du XXe siècle plongent leurs racines – s'efforçait d'élever des remparts pour préserver la paix, d'autres régions du monde ont continué de subir les effets des conflits. Certains de ces conflits ont pris des formes nouvelles, avec des combattants pour la liberté, des mouvements de guérilla et des régimes dictatoriaux occupant le devant de la scène.

La conduite des hostilités ayant posé dans les années 1930 et 1940 de nouveaux défis en matière de protection, il est apparu nécessaire d'établir de nouvelles règles juridiques. Les Conventions de Genève ont d'abord été révisées et renforcées en 1949, puis deux protocoles additionnels ont complété le dispositif légal en 1977. Le CICR a aidé à la rédaction de tous ces textes.

Le CICR est sorti quasiment ruiné de la Seconde Guerre mondiale, et a eu beaucoup de difficultés à récolter des fonds durant les années, voire les décennies, suivantes. Il s'est pourtant efforcé de déployer ses activités dans les principaux conflits qui ont suivi la déflagration mondiale.

Le 14 avril 1980, deux citoyens helvétiques, Bernard Liebeskind, médecin, et Harald Schmid de Gruneck, le représentant de la Croix-Rouge à Téhéran, parviennent à rencontrer un à un les otages détenus à l'ambassade américaine de Téhéran au cours d'une visite de 9 heures. Ils ramènent les noms et adresses des otages en faisant parvenir à leur famille quelques brefs messages, confirmant ainsi que tous les Américains détenus sont en vie et globalement bien portants.

Ce n'est qu'à partir des années 1990 que le CICR a retrouvé un soutien généreux des gouvernements et de la Commission européenne (de loin ses principaux donateurs) ce qui lui permet désormais de se placer dans une perspective d'accroissement de ses activités. Pour mener ses activités en 2008, le CICR a lancé un appel dont le montant dépasse le milliard de francs suisses (600 000 000 euros). Contrairement à de nombreuses ONG et même à des agences humanitaires rattachées aux Nations unies, le CICR dispose de réserves qui lui permettent d'engager une action dès que les besoins humanitaires sont constatés, sans attendre de recevoir le financement nécessaire.

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