Les scientifiques au cœur du projet du CERN
Les scientifiques au cœur du projet du CERN
L'histoire du CERN met en lumière le rôle d'une poignée de scientifiques, physiciens de renommée internationale, dans la création de projets européens de coopération internationale nucléaire, dont le CERN fait partie. Paul Auger, considéré comme le père fondateur du CERN, Edoardo Amaladi ou encore Lew Kowarski ont contribué, à des degrés divers, à la création et au développement des activités du CERN à Genève.
Pierre Auger, père fondateur du CERN
Pierre Auger est un physicien français de renommée internationale. Né le 14 mai 1899 à Paris, il intègre l'École normale supérieure entre 1919 et 1922, où il étudie la physique atomique et la physique nucléaire. Lauréat du concours d'agrégation de physique en 1922, il rejoint le laboratoire de chimie-physique de la faculté des sciences de l'Université de Paris, alors dirigé par Jean Perrin, pour y travailler sur l'effet photoélectrique composé. Il obtient en 1926 le doctorat ès sciences physiques. En 1927, il est nommé assistant à la faculté des sciences de Paris ainsi que chef de service adjoint à l'Institut de biologie physico-chimique. Nommé chef de travaux à la faculté en 1934 et secrétaire général des tables annuelles des constantes en 1936, il est nommé maître de conférences de physique en novembre 1937. Jusqu'en 1940, il enseigne les bases expérimentales de la théorie des quanta. Il est également directeur-adjoint du laboratoire de chimie-physique.
En 1941, Pierre Auger part pour les États-Unis et devient associé de recherche à l'université de Chicago, où il travaille sur les rayons cosmiques. De 1942 à 1944 il est chef du service de physique des laboratoires anglo-canadiens de recherches de guerre sur l'énergie atomique à Montréal. Il est associé aux recherches sur la bombe atomique.
Le 11 juillet 1944, dans une arrière-salle du consulat français d’Ottawa, Pierre Auger, Jules Guéron et Bertrand Goldschmidt informent le général de Gaulle du programme nucléaire secret des Américains, le Projet Manhattan, et des perspectives ouvertes par la fission nucléaire.
Scientifique brillant et éclectique (il est aussi sculpteur et poète), Pierre Auger contribue au développement des grandes institutions nationales (CEA avec Frédéric Joliot et Francis Perrin) et internationales de la recherche nucléaire après la Seconde Guerre mondiale. À la Libération, Pierre Auger est nommé directeur de l’Enseignement supérieur de 1945 à 1948. Il est ensuite nommé professeur titulaire de la nouvelle chaire de physique quantique et relativité à la faculté des sciences de l'Université de Paris. En 1953, il intègre le Conseil culturel du cercle culturel de l'abbaye de Royaumont. De 1948 à 1959, il dirige à l'UNESCO le département des sciences exactes et naturelles. A partir de 1949, il soutien un projet d'institution internationale de recherche fondamentale nucléaire, le futur CERN, qui verra la jour en 1954.
En 1959, il est nommé président du Comité de la Recherche Spatiale, puis, en 1962, premier président du CNES et du Conseil européen de recherches spatiales, (ancêtre de l'Agence spatiale européenne), organisme qu'il dirige jusqu'en 1967.
Il est élu membre de l'Académie des sciences en 1977. Il décède à Paris en 1993.
Edoardo Amaldi, promoteur du développement de la physique nucléaire en Europe et en Italie
Edoardo Amaldi est aussi un des pionniers du CERN. Il a joué un rôle moteur dans l’étude et la préparation des Anneaux de stockage à intersections et du Supersynchrotron à protons de 300 GeV.
Né en 1908, Edoardo Amaldi, physicien italien, docteur en physique de l’Université de Rome, travaille dans les années 1930, aux côtés d'Enrico Fermi sur la fission nucléaire. Amaldi enseigne parallèlement à l'Université de physique expérimentale de Rome. En 1938, Edoardo Amaldi réorganise les études physiques italiennes et participe à la fondation de l'Institut national pour la physique nucléaire (INFN).
Depuis l'entre-deux-guerres, Amaldi a œuvré activement en faveur du développement de la physique nucléaire en Italie et de la coopération internationale en Europe. Il a été l’un des cofondateurs du CERN, dont il occupe le poste de Secrétaire général pendant la période d’intérim de l’organisation (1952-54), avant que Felix Bloch ne lui succède en tant que premier Directeur général en octobre 1954.
Après son retour à Rome, en 1954, Edoardo Amaldi continue de travailler pour le CERN. De 1957 et 1975, il est membre du Comité des directives scientifiques du CERN (qu’il a présidé de 1958 à 1960). De 1960 à 1973, il est également membre du Conseil du CERN (dont il a été vice-président de 1960 à 1962 et président de 1970 à 1971). Il est enfin membre du Comité consultatif sur l’histoire du CERN, de 1980 jusqu’à sa mort, en 1989.
Lew Kowarski, au service du CERN et de la coopération scientifique internationale
Lew Kowarski est une personnalité incontournable du CERN. Naturalisé français, Lew Kowarski, qui est né en 1907 en Russie, a notamment travaillé en 1934 sur la fission de l'uranium à l'Institut du radium, puis au Collège de France avec Frédéric Joliot-Curie.
Durant la guerre, il se réfugie en Grande-Bretagne et poursuit ses travaux à Cambridge. Lew Kowarski émigre ensuite au Canada et participe depuis Montréal aux débuts du Projet Manhattan, à l'origine de la première bombe atomique américaine. En 1945, il dirige la construction du premier réacteur nucléaire canadien puis, revenu en France, il intègre le Commissariat à l'énergie atomique (CEA) et contribue au développement des deux premiers réacteurs nucléaires français, en 1948 et 1952. Membre du CERN, dont il a largement contribué à faire connaître l'histoire, Kowarski a aussi été professeur à l'université de Boston. Après son départ à la retraite en 1972, il se consacre à l'enseignement et devient conseiller auprès des Nations unies. Il meurt en 1979.
Véronique Stenger
Légende PHOTO: photo issue du fonds Wolfgang Pauli, archives du CERN, PHO-234. Archives du CERN, Genève.
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In 2003, a man from Geneva initiated a dialogue between Israelis and Palestinians far from the diplomatic arena. His aim: to achieve a two-state solution. The RTS archives bear witness to the dynamic generated by this ‘Geneva Initiative’.