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Le prince aviateur et l’aéroport de Cointrin Featured

December 21st, 2022
Pascal Praplan

C’est d’un œil très professionnel que le pilote du Dakota jauge, du haut des airs, la piste de l’aéroport de Cointrin avant que de poser sans heurt l’appareil sur le champ : l’homme est un aviateur chevronné, pilote de chasse de la Royal Air Force durant la Seconde Guerre mondiale. Mais en ce 20 mai 1946, le voyage du prince Bernhard des Pays-Bas et de sa femme, la princesse Juliana, est des plus pacifiques, puisque le couple effectue une visite officielle en Suisse.

Si la piste de Cointrin est du goût du prince – il félicitera le « ministre des Travaux publics » genevois pour sa qualité –, l’aéroport n’offre pas encore les commodités qu’on lui connaît aujourd’hui. Ce sera donc dans un hangar transformé en salon de réception improvisé à grands renforts de plantes vertes et de tapis qu’une collation de bienvenue sera offerte au couple princier par les autorités présentes, dont le conseiller fédéral Max Petitpierre (1).

Cointrin devient dès lors un point de chute récurrent pour le prince, tant pour ses affaires que pour ses loisirs. Il y atterrit ainsi avec sa famille en janvier 1947, en route pour des vacances à Zermatt. Quelques années plus tard, il prend la pose pour le photographe du Journal de Genève sur le tarmac de l’aéroport avec le consul général et délégué permanent des Etats-Unis aux organisations internationales – bien qu’il voyage «incognito» et qu’il rencontre également au bout du lac le sous-secrétaire d’État américain Bedell Smith (2).

Grandeur et décadence

Dans les années 1950, c’est l’Europe qui amène Bernhard des Pays-Bas à Cointrin, toujours aux commandes de l’un de ses avions (DC-3, Fokker Friendship…). Il participe aussi bien au Conseil des fondateurs du Centre européen de la culture qu’aux réunions formelles de la Fondation européenne de la culture qu’il dirige de 1955 à 1977. Il y côtoiera Denis de Rougemont avant que la Fondation ne déménage sous sa présidence à… Amsterdam.

Les escales à Genève se poursuivent jusque dans les années 1960. Le prince est l’hôte du Club américain de Genève ou rend visite à son consul, quand il n’atterrit pas juste pour ravitailler son appareil en carburant. Plus sérieusement, le nom de Bernhard des Pays-Bas est encore associé à Genève avec l’attribution de la médaille Nansen (3) de l’Agence des Nations-Unies pour les réfugiés (UNHCR) qu’il reçoit en 1967 pour avoir présidé la Campagne européenne en faveur des réfugiés d’Afrique et d’Asie (4).

La dernière mention dans la presse d’un passage à Cointrin du prince date d’octobre 1976, elle est un peu moins glorieuse. Impliqué dans l’«affaire Lockheed» pour des faits de corruption passive (qu’il admettra dans une interview posthume (5), Bernhard des Pays-Bas doit se démettre de nombreuses fonctions officielles. Il se rend à Morges pour une séance du comité exécutif du Fonds mondial de la nature (WWF) – dont il a contribué à la fondation et dont il démissionne après 14 ans de présidence (6).

Voir également la vidéo sur le passeport Nansen.

Photo de couverture: Bibliothèque de Genève, le prince Bernhard à Cointrin, 1967, photo Emile dit Mick Desarzens

  1. Journal de Genève du 21 mai 1946, p.3.
  2. Journal de Genève du 13 mai 1954, p.7.
  3. unhcr.org/dach/ch-fr/en-bref/l...
  4. Journal de Genève du 3 octobre 1967, p.14.
  5. groene.nl/artikel/bernhard-191... (interview posthume du prince en hollandais)
  6. Gazette de Lausanne du 8 octobre 1976, p. 15.
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