USA-URSS: escarmouches «atomiques» à Genève
Fin juin 1985. Le vice-président américain George Bush et son secrétaire-adjoint à la Défense, Richard Perle débarquent à Cointrin. Les y ont précédés ou suivis de peu Olof Palme, premier ministre suédois, le sénateur Edward Kennedy, Anatoly Gromyko, membre de l’Académie des sciences de l’URSS (et fils d’Andreï), Hans Blix, directeur de l’Agence atomique de Vienne et toute une pléiade d’experts venus de l’Est comme de l’Ouest et des pays non-alignés.
L’heure est aux négociations sur le désarmement, plus précisément au réexamen du traité de non-prolifération des armes nucléaires (TNP), signé en 1968. Mais tout ce beau monde réuni au Centre international de conférences de Genève n’a pas mandat de négociation. Il participe, quelques semaines avant l’ouverture des débats, à un colloque organisé par le groupe de Bellerive, une association d’experts indépendants fondée par le prince Sadruddin Aga Khan en 1977, avec entre autres Denis de Rougemont, Jacques Freymond ou encore Lew Kowarski, spécialiste de l’énergie atomique.
La bombe ? Une drogue…
Le colloque de trois jours, intitulé « Guerre nucléaire, prolifération nucléaire et leurs conséquences », s’inscrit dans les buts pacifistes du groupe de Bellerive (1). Olof Palme, hôte d’honneur de la cérémonie d’ouverture, va dans ce sens, qui estime que « la prolifération nucléaire « verticale » (qui a lieu aux Etats-Unis et en URSS) est une véritable accoutumance à une forme particulière de toxicomanie » (2). Il préconise purement et simplement l’interdiction de tout essai nucléaire…
Mais les Américains – dont le faucon Richard Perle, viscéralement hostile à l’URSS – et les Soviétiques, alarmés par le projet de Ronald Reagan d’Initiative de défense stratégique (IDS) ou « guerre des étoiles », ne l’entendent pas de cette oreille. Et c’est finalement à un « dialogue acrimonieux » (3) d’accusations réciproques que se réduiront les échanges de trois jours de colloque qui n’auront guère servi que de « photographie des relations internationales, à deux mois de la conférence sur le TNP » et de mise en évidence du « mépris souverain des grandes puissances pour le fossé qui se creuse entre les deux hémisphères de la planète. A cause de la course aux armements »(4).
- Le groupe entend « promouvoir un large débat public sur divers problèmes de science et de société [et] mettre en évidence les répercussions réelles ou potentielles des innovations technologiques sur la paix et l’environnement » uia.org/s/or/en/1100020316 (traduction par nos soins). Le groupe sera intégré à la Fondation Aga Khan en 2006.
- Journal de Genève du 28 juin 1985, p.25.
- Journal de Genève du 1er juillet 1985, p.3.
- Ibid.
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