Marcel Bezençon, au cœur de la radio-télévision européenne
A en croire ses biographes, Marcel Bezençon avait deux grandes passions : l’art, surtout dramatique mais aussi musical et poétique d’une part, la radio et la télévision naissantes d’autre part, pour lesquelles il a dû affronter bien des résistances. L’homme a surtout réussi à marier ces deux mondes tout au long de sa carrière, depuis ses débuts de rédacteur à la Feuille d’avis de Lausanne, en 1932, jusqu’à la tête de l’Union européenne de radiodiffusion (UER) au début des années 1970.
Né à Orbe en 1907, Marcel Bezençon connaît une jeunesse lausannoise. Il fait son gymnase dans la capitale vaudoise, puis ses études de lettres et d’histoire de l’art à l’Université locale. Sa licence obtenue, il rentre à la Feuille d’avis, puis prend les rênes de Radio-Lausanne dès 1939. Il y introduit « un nouveau style d’émissions combinant paroles et musiques (les « évocations ») » (1). Accessoirement il dirige déjà la Société du théâtre municipal de Lausanne – poste qu’il occupera pendant plus de trente ans…
Manager et « divertisseur »
Nommé directeur général de la Société suisse de radiodiffusion (SSR) en 1950, M. Bezençon poursuit ce mélange des genres avec bonheur. Il met par exemple sur pied un grand concours d’art dramatique entre Lausanne et Genève en 1951 (2) alors même qu’il travaille à l’introduction de la télévision en Suisse. Peu de temps auparavant, il soumet à l’UNESCO sa grande idée, une « bourse d’échanges de programmes TV » (3), qui va trouver sa réalisation avec la création de l’Union européenne de radio-télévision (UER).
Marcel Bezençon se retrouve alors à la tête du département des programmes de l’UER et travaille à mettre à disposition de tous les membres de l’Union les programmes produits dans chaque pays. « Très vite, les Membres de l’UER ont compris l’intérêt de cette démarche. Le réseau Eurovision [était] né » (4), et c’est… la Suisse qui eut l’honneur de l’inaugurer, avec la diffusion d’un court-métrage sur le corso fleuri de la Fête des narcisses de Montreux, en juin 1954.
Concours Eurovision et Rose d’or
Apparemment, ce choix des plus folkloriques fit faire des gorges chaudes au Canard enchaîné, mais le directeur de la SSR préféra relever que « le Times, notamment […] avait consacré une large place au plaisir des téléspectateurs anglais à voir défiler le corso » (5). Et puis M. Bezençon avait sans doute déjà en tête quelque meilleure idée pour meubler ce nouvel espace télévisuel européen : il songe déjà à proposer une compétition musicale internationale diffusée en direct, le Concours Eurovision de la chanson, qui va connaître le succès que l’on sait dès l’année suivante.
Dans le même temps, en Suisse, il supervise l’extension des programmes en ondes moyennes ainsi que l’introduction d’un deuxième programme radio sur ondes ultracourtes. Tout en continuant son œuvre de «passeur» de programmes : en 1961, il fonde la Rose d’or de Montreux, concours international d’émissions télévisuelles de variétés (6)… L’infatigable pionnier de la radio-télévision finira par voir ses combats et sa créativité récompensés, puisqu’il sera nommé président de l’Union européenne de radiodiffusion en 1971.
- Therese Steffen Gerber: "Bezençon, Marcel", in: Dictionnaire historique de la Suisse (DHS), version du 06.07.2004.
- Journal de Genève du 6 novembre 1951, p. 15.
- Journal de Genève du 4 juin 1974, p. 5.
- UER, ebu.ch/fr/about/history
- Journal de Genève du 21 août 1954, p. 5.
- Therese Steffen Gerber: op. cit.
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