Gustave Moynier
On ne compte plus les articles, ouvrages, biographies, ou encore rues et places consacrés à Henry Dunant. Ce n’est en revanche pas du tout le cas de Gustave Moynier (1826 - 1910). Pourtant, « sans Moynier, pas de Dunant, ni de Croix-Rouge internationale », démontre Jean de Senarclens dans la biographie qu’il lui consacre (1). Le génie visionnaire de l’un a eu besoin, pour devenir réalité, de la ténacité et du pragmatisme de l’autre » (2)…
Né à Genève dans une famille bourgeoise, Moynier entreprend des études de droit qu’il mène jusqu’au doctorat. Sans souci financier grâce à un mariage fortuné, il prend à 31 ans la présidence de la Société genevoise d’utilité publique (où il sera nommé à dix reprises). Il découvre peu après les idées d’Henry Dunant dans Un souvenir de Solferino – la création de sociétés de secours dans les États européens et une convention protégeant les blessés et le personnel sanitaire.
Tempéraments très différents
Conquis, mais constatant que Dunant « s’est contenté de lancer deux idées géniales sans avoir identifié les moyens de les mettre en œuvre » (3), Moynier prend les choses en main et en saisit sa Société d’utilité publique, qui accepte sa proposition de créer une commission de cinq membres (Dunant, Moynier, le général Dufour et les docteurs Appia et Maunoir). Il organise la conférence internationale de 1863, qui pose les bases de la Croix-Rouge, ainsi qu’avec le gouvernement suisse, la conférence diplomatique de 1864 dont est issue la première Convention de Genève.
La collaboration entre Henry Dunant et Gustave Moynier, malgré des tempéraments fort différents, est décisive durant ces années-là. Mais le premier est entraîné, trois ans plus tard, dans la faillite du Crédit genevois et condamné pour pratiques frauduleuses. Moynier, craignant pour la réputation de la Croix-Rouge, force Dunant à démissionner du Comité international. Comme le général Dufour avait précédemment lâché la présidence dudit Comité pour raison d’âge, Moynier reste seul maître à bord, président durant les plus de 40 années qui suivent (4).
L’action infatigable du « véritable bâtisseur de la Croix-Rouge » (5) connaît tout de même quelques limites, notamment les possibilités d'action de la Croix-Rouge en temps de paix ou l'assistance aux prisonniers de guerre. Gustave Moynier n’en recueille pas moins les hommages et honneurs de ses contemporains : docteur honoris causa de plusieurs universités, membre associé de l’Institut de France, officier de la Légion d’honneur… avant que de glisser dans l’« oubli posthume […] au fil des années qui suivirent son décès » (6).
Ecoutez également Sons d'Histoire, le Podcast de geneveMonde.ch consacré aux Conventions de Genève
- Jean de Senarclens, Gustave Moynier, le bâtisseur, Éditions Slatkine, Genève : 2000.
- François Bugnon, Gustave Moynier, bâtisseur de l’œuvre d’Henry Dunant, « Le Temps » du 22 mars 2001 (letemps.ch/opinions/gustave-mo...).
- Ibid.
- L’homme ne se contente pas de cette lourde fonction, puisqu’il participe à la fondation de l’Institut de droit international, est consul général du Congo en Suisse, fonde la revue «L’Afrique explorée et civilisée»… (Dictionnaire historique de la Suisse, hls-dhs-dss.ch/fr/articles/041...).
- Véronique Harouel, Gustave Moynier, le bâtisseur, «Revue internationale de la Croix-Rouge», Genève : juin 2001 (icrc.org/fr/doc/resources/docu...).
- François Bugnon, ibid.
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