Les temps troublés de Joseph Avenol, deuxième secrétaire général de la SdN
Par Bernard Lescaze
Texte tiré de 100 ans de multilatéralisme à Genève, Editions Suzanne Hurter.
Portait en couverture: Archives des Nations unies, Genève
Le titre publié ici est de la rédaction de geneveMonde.ch
Né en 1879 à Melle, Joseph Avenol était le fils d’un zouave pontifical, qui avait participé à la défense du Saint-Siège en 1870. Ces origines familiales expliquent peut-être son catholicisme profond et son conservatisme affirmé. Après des études à Poitiers, il entreprend une carrière dans la haute administration française avant d’être désigné comme secrétaire général adjoint de Sir Eric Drummond en 1920. La France et l’Angleterre se partageaient ainsi les principaux postes de la nouvelle organisation internationale. Au départ de Sir Eric, c’est presque naturellement qu’il lui succède comme secrétaire général de la SdN par 42 voix sur 44 Etats membres votants, bien que certains le jugent peu travailleur et parfois tortueux.
Il entre en fonction le 1er juillet 1933 dans une situation internationale troublée par la montée des puissances totalitaires. Les difficultés de la Conférence du désarmement, la Guerre du Chaco en Amérique du Sud, mais surtout la crise italo-éthiopienne (1935-1936) de même que la guerre civile espagnole (1936-1939) révèlent l’impuissance de la SdN face à ces conflits. Les moyens de résoudre pacifiquement les conflits, fut-ce grâce à des sanctions, comme le prévoyait le Pacte, s’avèrent inopérants. De plus en plus, la SdN cesse d’être universelle, notamment avec le départ de l’Allemagne nazie le 19 octobre 1933 suivi de celui de l’Italie, pour ne pas mentionner ceux de plusieurs Etats latino-américains. L’entrée en 1934 de l’Union soviétique tourne au casse-tête après la signature du Pacte germano-soviétique en août 1939, dont les conditions secrètes vont permettre à Staline d’envahir les Etats baltes. Peu auparavant, l’agression soviétique contre la Finlande conduit à l’expulsion de l’URSS, le 14 décembre 1939.
A l’interne, Joseph Avenol renforce la centralisation du Secrétariat général en créant une section centrale dont le chef est une sorte de directeur de cabinet d’Avenol. A la suite de l’éclatement de la Seconde Guerre mondiale, alors que la SdN est moribonde, Avenol refuse le transfert de cette dernière à Princeton, envisageant plutôt de se replier sur Vichy. La tension s’accroît alors avec Sean Lester, son adjoint et futur successeur auquel il refuse d’adresser la parole.
Toutefois, le gouvernement de Vichy demande à Joseph Avenol de démissionner en juillet 1940, ce que celui-ci finit par faire tout en ne quittant ses fonctions que le 31 août 1940.
Le bilan des années Avenol au Secrétariat général de la SdN demeure contrasté, l’un de ses biographes lui reprochant d’avoir trahi la SdN en se montrant trop favorable aux puissances de l’Axe. Il est vrai que le secrétaire général souhaitait dépolitiser les activités de la SdN, dont l’échec dans la préservation de la paix était patent, pour accentuer son rôle dans la coopération économique et sociale ce qui n’était pas forcément une erreur durant la crise des années trente.
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