Gustave Ador, l'homme de la Suisse à la SDN
Par Bernard Lescaze
Texte tiré de 100 ans de multilatéralisme à Genève, Editions Suzanne Hurter.
Le titre publié ici est de la rédaction de geneveMonde.ch. Illustration: détail d'un portrait de Gustave Ador (1928), Bibliothèque de Genève.
Fils de banquier, Gustave Ador accomplit à Genève des études de droit, puis effectue des séjours en France et en Allemagne avant de devenir avocat et d’entreprendre une carrière politique, d’abord cantonale puis nationale. Elu une première fois au Grand Conseil genevois en 1874, puis sans interruption de 1878 à 1915, il y représente le parti démocratique (conservateur-protestant). Il est parallèlement élu au Conseil d’Etat entre 1879 et 1880, puis entre 1885 et 1897. Pour apaiser les luttes politiques, il favorise l’introduction de la proportionnelle, tandis que sur le plan confessionnel il évoluera et se montrera finalement favorable à la séparation de l’Eglise et de l’Etat, afin de résorber le Kulturkampf. A Berne, il exerce à plusieurs reprises des mandats de conseiller aux Etats ou de conseiller national, présidant même le Conseil national en 1902 avant de devoir en démissionner pour avoir accepté la Légion d’honneur qu’il refuse de restituer pour ne pas désobliger le gouvernement français. Réélu la même année, il ne quittera le Conseil national que pour le Conseil fédéral en 1917.
Depuis 1910, il est le président du Comité international de la Croix-Rouge et crée, en 1914, l’Agence internationale des prisonniers de guerre qui a pour mission de transmettre des informations sur ceux-ci et de procéder à des échanges de soldats grièvement blessés.
Très francophile, Gustave Ador dénonce la violation de la neutralité belge en 1914. Son accession au gouvernement doit tout à la démission du conseiller fédéral Arthur Hoffmann, qui avait tenté d’imprudentes démarches de paix séparée. La Suisse est alors profondément divisée entre les Romands, favorables à l’Entente, et les Alémaniques, qui souhaitent la victoire des Empires centraux. Dès son élection, Gustave Ador souhaite « travailler à l’apaisement et à l’union entre Confédérés ». On lui accorde le Département politique (les Affaires étrangères) comme il l’a souhaité, mais jusqu’à la fin 1917 seulement. Puis il reprend le Département de l’intérieur, qu’il conservera même comme président de la Confédération en 1919. C’est à ce titre qu’il va se rendre à plusieurs reprises à Paris, pendant la Conférence de la Paix, rencontrant Wilson, Lloyd George, Clemenceau et d’autres chefs de gouvernement ou ministres. Il va réussir à faire reconnaître les particularités de la neutralité helvétique, notamment au regard de l’article 435 du Traité de Versailles. Grâce aux négociateurs suisses, car Ador est aidé par le Genevois William Rappard, le Zurichois Max Huber, et avec le soutien de son collègue Félix Calonder, la Suisse devient membre fondateur de la SdN.
Après avoir quitté le Conseil fédéral, il sera durant plusieurs années délégué de la Suisse à l’Assemblée de la SdN (1920-1925), tandis qu’il préside le Comité international de la Croix-Rouge jusqu’à sa mort en 1928. Il a su donner un relief marquant, bien que momentané, à la politique étrangère de la Suisse durant une époque cruciale.
Bernard Lescaze
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