Henri La Fontaine: portrait
Henri La Fontaine: portrait
Une amitié et une collaboration d'avant-garde: c'est ainsi que l'on peut résumer la relation qui lie Paul Otlet et Henri La Fontaine, deux figures marquantes de la Belgique du début du XXe siècle. Leur partenariat a jeté les bases de projets révolutionnaires et marqué l'histoire de la documentation et de la paix mondiale.
Henri La Fontaine a consacré sa vie à la promotion de la paix et des droits de l'homme. Né en 1854 à Bruxelles, il étudie le droit à l'Université Libre de Bruxelles avant de se lancer dans une carrière d'avocat et de politicien. Cependant, c'est son engagement pour la paix qui a profondément marqué son parcours. Il soutient la création de la Ligue internationale de la Paix et de la Liberté, une organisation pacifiste prônant le développement de la coopération internationale, fondée en 1867 à Genève. En 1913, il reçoit le Prix Nobel de la Paix pour son travail en faveur de l'arbitrage et du désarmement. Tout comme Otlet, La Fontaine anticipe la création de la Société des Nations dans son ouvrage majeur la Magnissima Charta, rédigé alors qu'il est en exil en Amérique (1). Entre 1913 et 1927, il préside le Bureau international de la paix. Tout au long de sa vie, il a déployé un effort inlassable pour construire un monde meilleur, plus juste.
Henri La Fontaine rencontre vraisemblablement Paul Otlet pour la première fois en 1890. Otlet vient alors de terminer ses études de droit à l’Université Libre de Bruxelles et décide d’effectuer un stage dans un cabinet d’avocat, où on lui confie la tâche d’écrire la bibliographie des Pandectes Belges, qui sont une série de recueils de jurisprudence.
« En ces temps lointains, La Fontaine était un personnage mystérieux pour le commun des mortels. Car, s'il était très avocat, comme moi, jouissait à cette époque de moyens indépendants, comme moi, était assez indifférent à ce qu'on disait de lui, comme moi, il était aussi wagnérien, pacifiste et féministe, ce que je n'étais pas. Nous étions tous les deux devenus amoureux de l'Universalité, ce qui signifie en termes de travail efficace, amoureux de l'internationalisme - un alias pour ce que plus tard nous avons décrit comme la "mondialité", très barbare pour les oreilles françaises de nos amis » (2).
Henri La Fontaine et Paul Otlet sont tous deux animés par une soif insatiable de connaissance et un désir argent de contribuer à un monde meilleur. Leurs projets communs témoignent d'une vision singulière, celle d'un monde organisé autour du partage des connaissances, considéré comme un instrument de la pacification du monde. Ensemble, ils fondent en 1895 l’Office international de bibliographie dont la mission est de créer un répertoire de bibliographie universelle, où toutes les productions de l'esprit humain depuis l’invention de l’imprimerie seraient cataloguées. Une utopie documentaire en somme. Otlet et La Fontaine développent aussi le système de classification décimale universelle. Ce système permet d’organiser les livres, brochures, articles, cartes, films etc…Tous deux jettent les bases de ce qui allait devenir la Bibliothèque mondiale, un projet visionnaire visant à rassembler et à organiser toutes les connaissances du monde pour les rendre accessibles à tous. Ils installent leur Bibliothèque mondiale et le Musée international qu’ils ont fondé en 1910 dans le Palais du Cinquantenaire à Bruxelles. Ces institutions seront à l’origine du Mundaneum. Enfin en 1907, ils fondent l'Union des associations internationales dont l’objectif était de promouvoir la paix.
Véronique Stenger pour geneveMonde.ch
Crédit photo: Archives du Bureau international du travail, Genève.
Références:
- henrilafontaine.be/henri-la-fo...
- International Organisation and Dissemination of Knowledge. Selected Essays by Paul Otlet. Elsevir, 1990, p. 214.
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