En octobre 1977, à l'occasion des Rencontres internationales de Genève sur le thème du "pouvoir", Jeanne Hersch, professeure de philosophie à l'Université de Genève, a donné une conférence sur la nature du pouvoir (1).

Dans l'introduction de sa communication, elle compare le mot "pouvoir" avec son équivalent anglais "power" ou "Macht" en allemand, expressions qui ne signifient pas exactement la même chose de part et d'autre du Rhin ou de la Manche. Telle une étymologiste, Jeanne Hersch rappelle la nécessité d'une approche culturelle lorsqu'on analyse des concepts.

Le pouvoir n'a de sens qu'aux yeux des hommes

Dans sa conférence, Jeanne Hersch lie le pouvoir à l'existence et l'action de l'Homme . "Le pouvoir est une réalité particulièrement humaine", dit la philosophe suisse, "on ne peut pas parler de pouvoir chez les animaux : le fauve ou le serpent qui dévore sa proie est fort, mais il n'a pas de pouvoir. La reine des abeilles n'est reine qu'aux yeux des hommes. Le pouvoir n'a de sens qu'aux yeux des hommes, qui tentent d'être libres bien qu'ils soient mortels et constamment menacés, ou plutôt parce qu'ils sont mortels et constamment menacés", ajoute-t-elle .

Le professeur Denis de Rougemont a commenté cette conférence en rappelant que le pouvoir est aussi dans la liberté : "On ne peut concevoir la liberté sans le pouvoir". Et l'écrivain, philosophe et académicien neuchâtelois d'expliquer que le pouvoir est celui que l'on prend sur les autres, et la liberté celle que l'on prend sur soi (2).

Consulter également le site des Rencontres internationales de Genève

1. Pour une biographie complète de la philosophe genevoise voir: https://100elles.ch/biographies/jeanne-hersch/
2. Lire l'intervention écrite de Denis de Rougemont sur le site consacré à son oeuvre: Rougemont 2.0. https://www.unige.ch/rougemont/articles/1974-1977/ddr1977pouv