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Une sculpture qui oblige: la chaise au pied cassé

Une sculpture qui oblige: la chaise au pied cassé

Leandro Neumann Ciuffo
Leandro Neumann Ciuffo

Elle trône sur la place des Nations depuis 1997 et possède sa propre page Instagram, elle symbolise tout un quartier mais aussi un combat permanent, il s’agit bien entendu de Broken Chair, ou la chaise au pied cassé. Figure incontournable du quartier international de Genève et lieu de manifestations régulières, la sculpture, douze mètres de haut, de l’artiste suisse Daniel Berset – car il s’agit bien d’une œuvre d’art – symbolisant la lutte contre les mines antipersonnel et les armes à sous-munitions matérialise une histoire vieille de 25 ans.

Revenons en arrière. Durant les années 1990, plusieurs organisations – Handicap International, Human Rights Watch, Medico International, Mines Advisory Group, entre autres – se regroupent afin de fonder la Campagne internationale pour interdire les mines (ICBL ou International Campaign to Ban Landmines, 1992). Il s’agit en fait d’un réseau, présent dans plus de 70 pays, qui œuvre pour l’éradication des mines antipersonnel. Ces armes continuent de tuer massivement, en particulier les civils, bien après la fin des hostilités.

Ce mouvements prend racine dans une prise de conscience commune des lacunes du Protocole II de la Convention sur les armes classiques. De nombreux Etats et organisations estimaient en effet que le Protocole II – sur l’interdiction ou la limitation de mines, pièges et autres dispositifs – n’allait pas assez loin et ne proposait pas de solution nette à cette vaste et dangereuse problématique.

Une courte présence de trois mois, mais…

La campagne débouche sur plusieurs conférences diplomatiques « pour une interdiction totale des mines antipersonnel », dont celle d’Oslo en septembre 1997 où la convention est adoptée. C’est parallèlement à ces rencontres diplomatiques que Broken Chair fait son entrée dans l’histoire. Paul Vermeulen, cofondateur et directeur de Handicap International Suisse, passe commande auprès de Daniel Berset d’une sculpture suffisamment imposante pour qu’elle oblige, en quelque sorte, les Etats membres de l’ONU à s’intéresser à la problématique des mines antipersonnel et à signer la Convention en cours de négociation. Installée sur la place des Nations en août 1997, la sculpture ne devait, à l’origine, ne rester que quelques mois – le temps de l’adoption de la convention et de sa signature.

La Convention est signée en décembre de la même année à Ottawa qui lui donne son nom de « Convention » ou « Traité d’Ottawa » avec une entrée en vigueur au 1er janvier 1999. Elle constitue un rempart et une avancée dans la lutte contre l'acquisition, la production, le stockage et l'utilisation des mines antipersonnel. Elle interdit les mines antipersonnel terrestres.

L’ICBL reçoit, en 1997, le prix Nobel de la paix, conjointement avec sa coordonnatrice Jody Williams, en reconnaissance de son engagement pour l’adoption de la Convention sur l'interdiction des mines antipersonnel. A ce jour, il y a 164 Etats parties à la Convention ; 32 demeurent en-dehors de la Convention, dont la Russie, les Etats-Unis, la Chine, la Corée du Nord, l’Inde ou encore Israël. Ces États producteurs et/ou utilisateurs de mines antipersonnel refusent d'adhérer et de ratifier la Convention.

Une force symbolique nécessaire

Face au succès rencontré par la Broken Chair lors de son installation, il est décidé qu’elle soit maintenue en place. Enlevée en 2005 lors de gros travaux d’aménagement de la place des Nations, la Broken Chair revient sur le devant de la scène et poursuit son rôle de symbole fort, en pleine période de tractations diplomatiques liées à une nouvelle Convention concernant les armes à sous-munition, dont la problématique est relancée au début des années 2000. Cette nouvelle Convention est conclue en Irlande en 2008, lors de la « Conférence diplomatique pour l’adoption d’une Convention sur les armes à sous-munitions ». La Convention, juridiquement contraignante, interdit l’emploi, la production, le transfert et le stockage des armes à sous-munition et, grande nouveauté, établit un cadre de coopération et d’assistance pour les victimes ; enfin, elle enjoint à la dépollution des régions contaminées. Elle est adoptée à Oslo en décembre 2008, d'où son nom, Traité d'Oslo. Il s’agit donc d’un traité international humanitaire et de désarmement.

La Convention est par ailleurs encore à ce jour ouverte à la signature des Etats. Ainsi, le message de la Broken Chair est régulièrement réactualisé et sa force symbolique toujours nécessaire pour rappeler les combats en cours.

Lien vers d'autres photos de Broken Chair sur le site de Handicap International.

Crédit photo : Leandro Neumann Ciuffo

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Sarah Pflug
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Nov 7th, 2022
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