Une vie de haut vol au rythme du protocole
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Au bout du fil, Isabelle Duboule, une Genevoise qui a occupé un poste tout à fait central dans la Genève internationale : responsable du Service du protocole de Genève Aéroport. Elle raconte dans un entretien avec geneveMonde.ch 33 années de souvenirs importants. Une interview questions-réponses qui charrie bon nombre d'excellentes séquences et quelques-unes plutôt douloureuses. Une vie professionnelle où il n'a jamais été question de compter ses heures ou de se reposer sur ses lauriers.
Le Service du protocole est dirigé à Genève-Aéroport par Isabelle Duboule. Une musicienne de formation qui un jour trouve un emploi taillé parfaitement pour sa personnalité. Le «protocole» exige un doux dosage entre le sens de l’accueil et la mise en place de déplacements rapides dès la sortie de l’avion jusqu’au lieu de résidence des chefs d’État, chefs de gouvernement et autres ministres en exercice, sans oublier les directeurs des organisations internationales, les membres de familles royales... Il est demandé à Isabelle Duboule et à son équipe du Service du protocole une prestation d’accueil précise et l’équipe s’exécute avec beaucoup de rigueur et professionnalisme. L’image de la Suisse et de la Genève internationale en dépendent. Souvent, les demandes sont complexes et génèrent des réunions préparatoires de plusieurs dizaines d’heures, quand ce n’est pas plus d’une centaine, comme lors du sommet américano-russe en 2021.
Isabelle Duboule en tenue de travail (©Zouhri Mohammed-Protocole)
Aujourd’hui, et après 33 ans de service ininterrompu, Isabelle Duboule revient sur toutes ces années au service des grands de ce monde, ainsi que de personnes présentes à Genève pour des raisons exceptionnelles, voire dramatiques (les parents des enfants tués dans l’accident de Sierre accueillis juste après l’annonce de l’accident en 2012). Isabelle a géré une équipe de 18 personnes sur le pont tous les jours de 6 heures à 23H30 et elle s'apprête à quitter cette fonction pour passer le relais et terminer une carrière bien remplie. Au Service du protocole, deux procédures sont proposées aux «clients». La première consiste à accueillir la personnalité au pied de l'avion avant de la transporter en limousine jusqu’au salon du Protocole. Les collègues d’Isabelle s’occupent alors des formalités de douane. L'autre procédure est appliquée aux personnalités de haut rang qui voyagent à bord d'un vol privé. Un accueil à bord de leurs propres véhicules est proposé. La personnalité descend de l'avion pour monter dans son véhicule, et sort directement sans passer par les salons.
Accueil d’un VIP, Isabelle Duboule règle les derniers détails (©Zouhri Mohammed-Protocole)
Pour la petite histoire, ce Service du protocole a été très tôt imaginé à Cointrin. C’est le conseiller d’Etat genevois Louis Casaï, chef du Département des travaux publics, qui donnera le coup de collier politique permettant son développement. Dans les années 1950, le petit aéroport de Genève devient un vrai aéroport international, avec des relations régulières entre New York et Cointrin pour permettre à la « navette de l’ONU » d’assurer le transfert de nombreux de ses représentants. L’ONU reste, jusqu’à aujourd'hui, le client principal de ce service assez unique au monde. D’ailleurs le Service du protocole possède un salon qui porte le nom d’un récent secrétaire général très respecté, le Ghanéen Kofi Annan, qui avait élu domicile dans la région et avait sympathisé – à force de la croiser – avec toute l’équipe d’Isabelle. Isabelle, dans l’histoire du service, aura rencontré des centaines de personnalités simples et gentilles, mais aussi d’ex-chefs d’Etat parfois capricieux, un ministre bloqué au sol à cause de la météo ou encore un travailleur acharné nommé John Kerry. Le Secrétaire d’Etat sous Barack Obama était en éveil de jour comme de nuit et passait peu de temps à se prélasser.
Aux 100 ans de l’UIT, en 2019, des personnalités du monde entier étaient attendues, parfois sous la protection de tireurs d’élite. Isabelle met en place les derniers détails (©photo Zouhri Mohammed-Protocole).
Elle nous raconte quelques-uns de ses plus grands souvenirs dans cet entretien. C’est une histoire qui traduit une passion, un attachement, une envie de servir et une certaine conscience de cette «Genève internationale», de cet «esprit de Genève», fait de discrétion, d’attention et de tact.
Bernard Kouchner, ministre des Affaires étrangères français en compagnie de la responsable du protocole avant l'arrivée du chef de l'État français (©Zouhri Mohammed-Protocole)
geneveMonde.ch : Kofi Annan, presqu’un «ami» de l’équipe, vous souvenez-vous de la première fois que vous avez travaillé avec lui ? Comment le décririez-vous ?
Isabelle Duboule : Lorsque je convoque son souvenir, la première image qui me vient à l’esprit est celle de son sourire. Un sourire qui se lisait sur ses lèvres autant que dans ses yeux. Il avançait ainsi vers ses interlocuteurs, précédés par cette belle et douce présence très particulière qui contribuait à asseoir un charisme hors pair. Il était toujours très attentif à chacun de ses interlocutrices et interlocuteurs et posait sur eux un regard bienveillant. C’est la première image qu’il nous a donnée. À mesure que le temps passait, cette impression s’est confirmée. Petit à petit, nous avons créé une certaine proximité, presque de la complicité. Le voir passer par nos salons était toujours un grand plaisir.
La Mission suisse a décidé d’honorer Kofi Annan avec des citations et son portrait, ses photos ornent le Salon d’Honneur du protocole, ça avait du sens de l’honorer ainsi, dans votre Salon d’accueil ?
Pendant toute la période où il était secrétaire général adjoint, en 1995, puis secrétaire général, de 1997 à 2006, et après qu’il fut descendu de charge, Kofi Annan a été accueilli 724 fois dans nos salons. C’est sans aucun doute la personnalité diplomatique que nous avons côtoyée le plus souvent. Par ailleurs, il nourrissait un lien très particulier à Genève, et il nous a souvent dit apprécier la qualité de l’accueil qui lui était réservée à l’aéroport. Ceci justifie aux yeux de tous les personnels de ce service l’honneur qui lui est fait à titre posthume. Pour ce qui est de la Confédération et de la Mission suisse, je peux imaginer quelques-unes des autres raisons qui les auront convaincus de donner une postérité à cette personnalité hors du commun et à l’action qu’il a menée. Kofi Annan était devenu une incarnation de la Genève internationale et de la Suisse en tant que pays hôte.
Photo de Nelson Mandela et Kofi Annan exposée au salon du protocole (photo : Kofi Annan Foundation)
Vous vous souvenez de Nelson Mandela et du Dalaï Lama qui vous ont particulièrement plus.
Lorsque j’ai accueilli Nelson Mandela à Genève, il venait à peine d’être libéré. Il n’était pas seulement un homme : c’était une icône, un symbole. La force avec laquelle il avait affronté ses années de détention constituait à mes yeux un message d’espoir dont il était l’incarnation. Pour moi, il constituait par ailleurs une leçon de résilience. Une illustration de la différence qu’il y a entre la justice et la vengeance. J’avais une grande admiration pour lui, qui ne s’est jamais démentie.
Le Dalaï Lama en 2011 (photo Protocole)
Pour comprendre pourquoi on peut rester marquée par le Dalaï Lama, il faut l’avoir approché ! Il irradiait de lui une énergie unique qui semblait contaminer positivement ceux qui l’approchaient. Il avait en commun avec ces belles personnalités dont on a parlé d’être d’une grande simplicité et d’une grande modestie.
Visite du Pape à Genève, accueilli par le président Berset en 2018 (©VBS DDPS Nicola Pitaro)
Comment avez-vous fait pour ralentir l’avion du Pape annoncé avec 30 minutes d’avance ?
Lors de l’accueil d’une personnalité comme le Pape, il faut imaginer qu’il y a eu en amont un travail logistique colossal, notamment de la part des services aéroportuaires, pour accueillir l’avion et le guider vers la position qui lui a été attribuée. Quelques minutes avant que l’appareil n’arrive, nous devons en outre mettre en place l’accueil protocolaire. Il faut imaginer que ce jour-là, il y a le président de la Confédération, des représentants des autorités politiques cantonales, des autorités religieuses. Il y a une fanfare, qui doit se mettre en place. Tout cela est préparé et orchestré à la minute près. Lorsque nous avons appris que son avion pourrait avoir une trentaine de minutes d’avance sur l’horaire, nous avons dû prendre une mesure d’urgence pour ne pas risquer de faire capoter cet accueil. D’entente avec le chef de la plateforme, nous avons demandé à Skyguide, le contrôleur aérien, de ralentir l’avion. Ce jour-là, il faisait très beau et le Mont Blanc était majestueux. Sa Sainteté aura, je l’espère, apprécié de tourner autour pendant quelques minutes ! Toujours est-il que lorsque l’avion s’est posé, le dispositif avait été installé et l’accueil a pu se dérouler comme prévu. Cet accueil-là est aussi resté gravé dans ma mémoire : j’en conserve par ailleurs le souvenir amusé de voir cette personnalité quitter le tarmac à bord de sa Fiat.
Le pape et sa Fiat, Pierre Maudet, conseiller d’Etat genevois au premier rang pour saluer le départ de Sa Sainteté (©Zouhri Mohammed-Protocole)
Des relations cordiales
Certains ambassadeurs deviennent ministres des affaires étrangères de leur pays, certains ambassadeurs ou directeurs d’organisations reviennent vous offrir des chocolats par amitié, un signe de reconnaissance ?
Les directeurs d’organisations internationales voyagent énormément, parfois plusieurs fois par semaine. A force de passer par nos salons, certains d’entre eux développent avec nous des relations un peu privilégiées. Nous avons même conservé avec certains un contact étroit et il n’est pas rare de revoir quelques-unes de ces personnalités revenir nous saluer lors d’un passage à l’aéroport.
Isabelle Duboule avec une partie de son équipe. Cette dernière est composée de 18 personnes (©Zouhri Mohammed-Protocole)
Des événements hors-norme
La rencontre entre Poutine et Biden restera sans nul doute dans vos souvenirs comme l’événement qui aura été le plus difficile à organiser. Comment cela s’est-il passé ?
Nous avons travaillé dix-neuf jours sans interruption et participé à une quarantaine de séances de plusieurs heures. La venue du «POTUS» (President Of The United States) exige la présence de plusieurs équipes distinctes comme les services secrets, l’équipe chargée d’Air Force One, l’équipe des Marine pour les hélicos etc. C’est une organisation très complexe, très savante, qui doit répondre aux exigences maximales de sûreté, de sécurité, de discrétion… L’aéroport de Genève constitue la porte d’entrée de la Suisse, qui est elle-même l’Etat-hôte qui accueille cette rencontre éminemment sensible : rien ne doit se passer sur le territoire aéroportuaire qui pourrait porter préjudice à cet événement. La pression qui pèse sur tous les services impliqués de près ou de loin dans l’organisation de cette manifestation est énorme.
Isabelle Duboule offre une poignée de main au secrétaire d’Etat américain John Kerry lors des « Iran Talks » en 2013 (©Protocole)
John Kerry, le Secrétaire d’Etat des Etats-Unis durant les années 2013 à 2017, avait cette réputation de travailler jusqu’à la conclusion d’un accord, quand bien même il devait y passer toute la nuit. Quelles conséquences cela avait-il sur vos services ?
C’est exact ! Nous avons notamment été confrontés à cette situation lors des « Iran Talks ». On nous tenait régulièrement informés de l’évolution des discussions, sans bien sûr nous en donner les détails, afin que l’on puisse se préparer à organiser le départ… ou à le repousser à plus tard. Dans ce genre d’événement ultra-sécurisé, avec son cortège de séance top secret, nous finissons toujours par disposer d’informations qui nous renseignent sur l’ambiance qui y règne. Il suffit d’avoir vu Kerry descendre de l’avion tout sourire, avec sa guitare à la main, et de se le faire décrire comme très soucieux, visage fermé, par l’un des membres d’une délégation, pour que l’on suppute que les négociations sont difficiles !
En ce qui nous concerne, des discussions qui s’éternisent nous commandent de mettre en place un dispositif de veille susceptible de se réactiver très rapidement sur appel si un appareil doit tout à coup faire mouvement, quelle que soit l’heure du jour ou de la nuit. Si un départ doit intervenir alors que l’aéroport est fermé, soit entre minuit et six heures du matin, tous les personnels sont remobilisés pour que ce départ se fasse sans délai. Les chargé-e-s d’accueil du service du Protocole ont parfois commencé des nuits sur les canapés du Salon, jusqu’à être réveillés en sursaut pour préparer un embarquement.
George Walker Bush sortant de Marine One lors du G8 en 2003 (©Zouhri Mohammed-Protocole)
L’aéroport fermé a été un souvenir marquant, tout était bloqué, vous avez même transporté un ministre dans un SUV personnel, vous pouvez nous raconter ?
Une fermeture exceptionnelle de l’aéroport peut être décidée pour toute une série de raisons. Ceci reste néanmoins un événement rare. Le 30 novembre 2010, nous avons dû faire face à des chutes de neige tellement importantes que, malgré le ballet incessant des chasse-neiges, nos équipes ne parvenaient pas à maintenir notre piste et nos voies de circulation dans un état compatible avec la sécurité des décollages et atterrissages. Les avions à destination de Genève étaient déroutés vers d’autres plateformes. Ceux qui devaient en décoller étaient cloués au sol. Rapidement, le hall de l’aérogare s’est rempli de voyageurs pris au piège : aucun taxi ni transport en commun ne pouvait plus les ramener au centre-ville. Très rapidement, il a fallu organiser la prise en charge des personnes les plus vulnérables : personnes âgés, enfants, bébés… Nous avons transformé les salles de conférence en dortoir en y organisant des couchages de fortune avec des paillasses militaires. Restait chez nous un ministre (des Transports !) qui n’avait aucun moyen de rejoindre son hôtel en ville. Une de mes collègues de la sûreté, qui quittait son travail et allait rentrer chez elle avec son 4x4, s’est proposé de le véhiculer jusqu’à cet hôtel !
On envoie une fiche d’accueil la veille, est-ce que cette fiche d’accueil peut changer à la dernière minute? Quelles sont les qualités requises pour travailler dans votre service?
Dans notre travail, les choses se passent rarement exactement comme on les a prévues. Il y a toujours des urgences qui peuvent venir se s'ajouter à l’organisation telle qu’elle est prévue. Nous devons donc avoir le sens de l’urgence et nous montrer capable de faire face à toute situation inattendue en faisant preuve d’un esprit d’initiative. Pour cela, il n’est pas superflu d’avoir une bonne connaissance du fonctionnement de la plateforme, d’y avoir un réseau pour diligenter des opérations exceptionnelles dans un temps record en un coup de fil, de connaître la géopolitique et d’avoir de l’entregent, afin de ne pas générer d’incident diplomatique. Mais surtout : tout ce que l’on met en œuvre ne doit pas être perceptible par les personnes dont nous nous occupons. Le mot d’ordre est de conserver le sourire quoiqu’il arrive.
Stéphane Barbezat, Major, chef de la police internationale en (2016), Isabelle Duboule et le photographe Mohammed Zouhri (©Protocole)
L’arrivée du Concorde, vous y avez assisté. Et des premiers Jumbo Jet ?
J’ai assisté à une arrivée du Concorde lorsqu’il est venu à Genève à l’occasion des 75 ans de la plateforme. Pour ce qui est des premiers Jumbo Jets, ils atterrissaient déjà à Genève avant que j’y travaille. Je prends certes ma retraite, mais c’est une retraite anticipée, je ne suis pas si vieille (rires) ! Ceci dit, il est clair qu’en 33 ans de carrière, j’ai vu la flotte évoluer !
Souvenirs pénibles
Le retour du corps de Sergio Viera de Mello, le représentant de l'ONU victime d'un attentat en 2003 en Irak, aux côtés de ses deux gardes du corps, cela a dû être un moment difficile.
Sergio Viera de Mello était lui-aussi un utilisateur très régulier de nos services et à ce titre il comptait au nombre de ceux que nous appréciions tout particulièrement. Nous avons toutes et tous été très touchés lorsque nous avons appris sa disparition dans des conditions terribles : nous n’arrivions pas à y croire. Sa mort est devenue palpable lorsque son corps a été rapatrié à Genève et que sa dépouille a été saluée sur le tarmac. Il y avait une intensité émotionnelle rare et tout le monde retenait ses larmes.
Accompagné d'un huissier, l'actuel ministre en charge des infrastructures du canton de Genève est un habitué du Protocole (©Zouhri Mohammed-Protocole)
Votre service doit parfois réaliser des opérations spéciales qui sortent de son cahier des charges. Pouvez-vous nous en dire un mot ?
Deux anecdotes me reviennent en mémoire lorsque vous me posez cette question. La première concerne ce terrible drame de l'accident de car dans le tunnel de Sierre, en 2012 : le véhicule avait heurté de plein fouet un mur de cet ouvrage. Sur les 52 occupants de cet autocar belge, 28 personnes, dont 22 enfants, avaient été tuées. Les familles des enfants avaient été averties que cet accident avait fait de nombreuses victimes et avaient été invitées à rejoindre Genève au plus vite, mais personne ne leur avait annoncé si leur enfant était blessé ou décédé.
Une cellule de crise avait été créée dans nos salons pour les accueillir, et c’est ici que certaines d’entre elles ont appris que leur enfant était mort. C’était absolument horrible d’être spectateur de ces peines infinies qui s’exprimaient là par des crises de larmes, des hurlements… Celles et ceux qui étaient là ce jour-là ne pourront pas oublier ce moment terrible. Dans un autre ordre d’idée, il y a eu une autre fois un détournement d’avion. Un vol Ethiopian Airline assurant la liaison Addis Abeba-Rome avait été détourné par le copilote de l’avion, qui s’était barricadé dans le cockpit pendant que le commandant de bord était allé aux toilettes. Il avait fait route vers Genève où il entendait demander l’asile.
De tels événements génèrent une effervescence particulière sur une plateforme aéroportuaire, avec notamment un déploiement important de moyens policiers et un déferlement de journalistes sur place. Ce que l’on sait moins, c’est que toutes les représentations diplomatiques assaillent à ce moment-là le service du protocole pour savoir s’il y a des ressortissants de leur pays à bord afin d’en tenir informé leur gouvernement. Ce sont des journées compliquées !
Qu’est-ce que ça signifie pour vous d’avoir servir le Protocole depuis 33 ans ?
Ce sont d’abord beaucoup de bons souvenirs et de plaisirs accumulés au sein d’une équipe qui a certes évolué au fil des décennies, mais qui s’est construite autour d’un noyau immuable. Notre activité nous a placés au centre de l’actualité géopolitique mondiale, au cœur des grands événements, elle nous a permis de rencontrer des personnalités marquantes, d’appréhender des cultures différentes. J’ai ainsi vraiment l’impression d’avoir, à ma très petite échelle, été une actrice de l’ombre de plusieurs événements historiques majeurs. Par ailleurs, je suis fière d’avoir travaillé dans un aéroport qui a contribué à faire de Genève cette ville internationale que l’on connaît, qui abrite autant de représentations diplomatiques et d’ONG et permet d’accueillir quelques-unes des rencontres internationales les plus importantes.
Le capitaine de la Police de la sécurité internationale (PSI) accompagne Isabelle Duboule dans la préparation de l’arrivée d’un VIP (©Zouhri Mohammed-Protocole)
Qu’est-ce que cela vous a apporté dans votre vie de tous les jours ?
J’ai envie de citer Confucius, à qui on prêterait cette phrase : «choisissez un travail que vous aimez et vous n’aurez pas à travailler un seul jour de votre vie». L’aéroport s’est imposé à moi un peu par hasard. J’y ai d’abord exercé une activité accessoire en marge d’une carrière de musicienne. Je me suis laissé envoûter par cette ambiance particulière des plateformes aéroportuaires qui sont souvent décrites comme addictives par celles et ceux qui y ont passé des années. J’ai éprouvé du plaisir à venir travailler chaque jour de ma carrière, et je crois que c’est déjà beaucoup ! Il y a certes eu des moments plus difficiles que d’autres, et durant certaines périodes, il fallait être en mesure de s’investir sans compter, mais nos conditions cadres nous permettaient toujours de nous prendre des moments pour récupérer après ces périodes exceptionnelles.
Propos recueillis par David Glaser
Discover and enrich the history of International Geneva
Magnifique reportage qui souligne la dimension mondiale de Genève !