« Il fallait porter une voix de prévention du VIH dans la communauté subsaharienne de Genève»
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A l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre le sida, ce 1er décembre, geneveMonde.ch a rencontré AKASSIMANDOU - son nom s'écrit en majuscule - né en 1975 en Côte d’Ivoire et arrivé à Genève en 1997. Durant ses premières années genevoises, il collabora notamment avec le Groupe Sida Genève pour diffuser les informations de prévention dans la communauté subsaharienne de Genève ; un engagement qui lui permit d’entrer en contact avec ONUSIDA. AKASSIMANDOU préside aujourd’hui l’ONG A.M.OR, qui s’attache au soutien des orphelins en Afrique sub-saharienne.
geneveMonde.ch. Vous êtes installé à Genève depuis 1997. Quel chemin vous a conduit dans notre ville ?
Je pourrais dire que c’est un peu à cause de Félix Houphouët-Boigny, qui a été président de la Côte d’Ivoire, mon pays, entre 1960 et 1993. Il affectionnait particulièrement Genève, cela m’a sans doute inspiré. Mais je le dois aussi à la découverte de Jean-Jacques Rousseau pour qui le désir est ce qui nous permet d’échapper à notre condition. Il faut dire que mon enfance a été marquée par la perte de ma mère, à ma naissance, puis par la disparition de mon père quand j’entrais dans l’adolescence. Et durant toutes ses années difficiles, j’ai ardemment désiré chercher mon propre chemin. Ma voie passa par des petits boulots – j’ai notamment été vendeur d’eau fraîche dans la ville d’Agnibilekro – et surtout par la musique. Les chansons que j’ai écrites m’ont permis de faire le tour de la Guinée avec une ONG militant pour le planning familial. De fil en aiguille je suis arrivé en Europe, puis à Genève, sans avoir pourtant rien planifié de tout cela.
C’est donc durant vos premières années genevoises que vous collaborer avec le Groupe Sida Genève, fondé en 1987. En quoi consistait votre participation ?
A mon arrivée à Genève, je vivais de petits boulots, tout en me formant comme aide-soignant, puis assistant en soins. Cela a favorisé mon contact avec le Groupe Sida Genève. J’étais en fait un rouage entre le Groupe Sida Genève et la communauté subsaharienne à Genève.
Il était très important dans ces années-là de communiquer une information sur la prévention du VIH, d’aller au contact des personnes, de rencontrer les familles. A l’époque, il fallait savoir être proche des gens pour faire passer un message de prévention. Beaucoup était dans le déni, voire dans le rejet. Les questions liées au VIH et à sa transmission devaient souvent se discuter dans la discrétion. Je suis reconnaissant au Groupe Sida Genève de m’avoir permis de le faire, et de m’avoir formé pour ce travail de sensibilisation. Tout cela donnait une cohérence à ma façon de voir la vie.
Et vous rencontrer aussi Michel Sidibé, qui fut directeur exécutif d'ONUSIDA.
C’était un moment très fort pour moi, comme vous pouvez l’imaginer. Il m’a encouragé à poursuivre ce travail de sensibilisation. Je dois dire aussi que cette rencontre a compté pour mes engagements futurs.
Aujourd’hui, vous dirigez A.M.OR, une ONG qui s’engage en faveur des orphelins en Afrique subsaharienne. En quoi Genève est un lieu utile pour vous ?
Je crois beaucoup à la force de la société civile, à l’engagement des personnes de bonne volonté. Les ONG doivent jouer un rôle, et d’ailleurs elles ont pris une place incontournable aujourd’hui. A Genève, nous pouvons être reconnues en tant qu’organisations non gouvernementales, je pense au statut consultatif des ONG auprès du Conseil Economique et social des Nations Unies (ECOSOC) établi à Genève. Sur les 6494 ONG dotées de ce statut à ce jour, 1262 travaillent en français, la majorité en Afrique. C’est important d’avoir ces relais, ici, à Genève.
Propos recueillis par Claude Zurcher
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A time for dialogue
In 2003, a man from Geneva initiated a dialogue between Israelis and Palestinians far from the diplomatic arena. His aim: to achieve a two-state solution. The RTS archives bear witness to the dynamic generated by this ‘Geneva Initiative’.