Sur les quais de la Genève internationale
Photo de couverture: Quai du Mont-Blanc, autochrome, années 1920, coll. C.-A. Fradel, notreHistoire.ch
Genève peut se targuer d’être une ville sur l’eau. Au fil des siècles, l’ancienne cité médiévale perchée sur sa colline s’est étendue sur les rives du Léman et du Rhône. Cette expansion s’est traduite par l’aménagement des «rues basses», la consolidation des rives, la construction de ports, de pêcheries et de quais, sans oublier les différents bains ou le chantier de l’usine des Forces motrices (1). Au milieu du XIXe siècle, la ville se déploie de part et d’autre de la rade, comme le montre la maquette du «Relief de Genève en 1850» d’Auguste Magnin (2).
Au cours des décennies suivantes, plusieurs hôtels sont construits sur la rive droite du lac, le long du nouveau Quai du Léman (rebaptisé quai Wilson par la suite). A cette époque, Genève s’affirme comme une ville touristique moderne, offrant d’incontournables promenades au bord du lac (3). Au début du XXe siècle, lorsque la Société des Nations s’établit sur les bords du Léman, ces infrastructures sont au cœur de la nouvelle Genève internationale.
La première assemblée de la Société des Nations se tient à Genève le 15 novembre 1920. Depuis plusieurs jours, la présence des délégations internationales dans la ville du bout du lac attire une foule importante sur les quais, comme le raconte le Journal de Genève :
«Aux abords de l’hôtel des Bergues, un nombreux public stationnait dans l’espoir d’apercevoir au passage les délégations, et c’était sur les quais un incessant va-et-vient d’automobiles décorées et drapeaux des différentes nations (4).»
Les membres des délégations internationales font la navette entre trois sites situés de part et d’autre de la rade de Genève. L’Hôtel National (actuel Palais Wilson), qui abrite le Secrétariat de la Société des Nations jusqu’à son déménagement au Palais des Nations en 1936. L’Hôtel des Bergues, face au pont du Mont-Blanc, où séjournent plusieurs délégations. Et la Salle de la Réformation, dans l’actuel quartier des Eaux-Vives, où se tient la première assemblée plénière de la Société des Nations.
Le développement de Genève en tant que centre touristique et diplomatique ne fait cependant pas l’unanimité. Au début du XXe siècle, «les quais représentent le visage de la ville internationale que Genève est en train de devenir, par contraste avec la Vieille-Ville, bastion des irréductibles Genevois (5)», souligne la géographe Coline Utz. Dans la presse et la littérature, certaines voix s’élèvent contre les nouveaux espaces du bord du lac dédiés aux institutions internationales. S’ils servent l’image touristique et internationale de la ville et font bonne figure sur les cartes postales, ils sont parfois jugés sans âme, trop propres ou peu attractifs pour la population locale.
- Philippe Broillet (dir.), La Genève sur l’eau, Bâle, Wiese, 1997.
- Un modèle 3D numérique de la maquette du « Relief de Genève en 1850 » a également été réalisé : http://making-of.geneve1850.ch/3D/FR/#Geneve_1850-3D
- Coline Utz, « La rade de Genève en littérature : de Victor Hugo à Corinne Jaquet », Mémoire de Master en géographie et sciences du territoire, Université de Genève, 2015.
- Journal de Genève, 14 novembre 1920, p. 8.
- Coline Utz, op. cit., p. 33.
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