Abdelmadjid Sana est né dans le Constantinois en janvier 1937. Il a vécu la Guerre d'Algérie au plus près, les angoisses de toute sa communauté, chez lui en Algérie mais aussi en France où il manque de se faire éliminer par des autorités répressives, et ce à plusieurs reprises. Son salut viendra de la Suisse où il obtiendra dès 1958 le statut de réfugié politique et où il sera un des acteurs directs des préparatifs aux accords d'Evian signés le 18 mars 1962.

Il exercera une diplomatie discrète au service de ses camarades du FLN sous le patronage du diplomate genevois Olivier Long et du président du Conseil fédéral Max Petitpierre. Son travail sera récompensé par l'obtention de missions dans les ambassades et chambres consulaires algériennes qu'il contribue à ouvrir en Suisse, au Japon et ailleurs à partir de 1962.

Abdelmadjid Sana n'a jamais eu de discours complaisant à l'égard de l'état opresseur que fut le France coloniale, il n'a pas non plus eu de regard complaisant sur l'attitude des ses collègues des administrations de cette nouvelle Algérie pas toujours au clair avec le chemin vers la démocratie et l'honneur. Son récit est précieux.

Son respect vis-à-vis de la Suisse et de ses citoyens, mais aussi des Français et Algériens non-autochtones qui ont fait le bien est total. Abdelmadjid est un homme épris de justice et heureux de saluer le rôle de tous dans le succès de l'Algérie à reprendre son indépendance, et tout particulièrement le rôle des femmes.

La série d'entretiens commence avec l'enfance d'Abdelmadjid Sana puis ses premières années de militantisme au FLN précédée par un sentiment profond d'injustice vécu par le jeune homme, l'expropriation de ses parents, le sentiment d'être méprisé, de n'être rien du tout.

L'ex-combattant du FLN devenu ensuite diplomate algérien a écrit son parcours entre l'Algérie, la France et la Suisse dans un livre intitulé "Cris de Douleurs des Profondeurs du Rhumel" (éditions Médias Index).

Propos recueillis par David Glaser.