Au revoir Algérie
Voici une lecture d'été facile, mais ô combien importante pour qui veut en savoir plus sur le passé colonial de la Suisse. La plateforme geneveMonde vous invite à découvrir la bande dessinée "Au Revoir Algérie" qui parle d'une famille romande installée en Algérie avant 1962.
Par sa présence à Sétif dans le Constantinois depuis 1853, et pour plus d'une centaine d'années, la Suisse a un passé commun avec l'Algérie. Cette présence fait suite au projet français d'ouverture de ses colonies aux voisins et partenaires européens. Allemands et Suisses sont sollicités. Des communautés suisses vont également s'établir dans d'autres pays d'Afrique, notamment au Maroc, en Tunisie et en Egypte.
Les familles suisses, économiquement défavorisées, sont encouragée à migrer dans ces nouvelles "colonies", grâce notamment à la mise en place d'un système de subventions pour travailler dans des villages gérés par la Compagnie genevoise des Colonies suisses de Sétif. Leurs activités sont principalement agricoles. Les plaines semi-arides situées à environ 1 000 mètres d'altitude sont cependant difficiles à cultiver. Les conditions de vie sont rudes dans cette région d'Algérie du milieu du 19e au milieu du 20e siècle. Les moyens alloués aux colons sont nettement insuffisants voire inexistants après la suspension des subventions dès 1854. Il faut également compter avec les maladies comme le typhus et le choléra qui font des ravages parmi les colons suisses dès le début de la colonisation, entre 1853 et 1854.
Mélange de cultures
Sur place, les communautés suisses adoptent le mode de vie de parfaits colons, mélange de traditions suisses et de spécialités culinaires/culturelles locales. Dans cette bande dessinée réalisée par l'illustratrice Aminata Devillers-Pierson, le professeur de sociologie de l'Université de Genève Sandro Cattacin et l'historienne de l'Université de Genève Marisa Fois, nous partons à la rencontre d'une grand-mère qui a passé son enfance en Algérie. De sa naissance sur cette terre africaine à son retour en Suisse, nous découvrons une vision plutôt positive de la vie des Suisses en Algérie, qui contraste avec une réalité moins réjouissante lors du retour en terre helvétique. Cette grand-mère raconte à son petit-fils, qui tombe un jour sur une lettre d'Algérie, la vie insouciante en Algérie, faite d'un doux mélange de cultures et d'un réel sentiment d'appartenance.
Le retour en Suisse avant l'indépendance en 1962 a été douloureux pour la grand-mère et pour de nombreux Suisses d'Algérie, qui ont vu leurs conditions de vie se détériorer. Les compensations financières, les promesses d'emploi et de logement faites par la Confédération n'ont jamais été honorées. Le rapatriement fut ainsi perçu par beaucoup comme une punition. Les "pieds-noirs" revenus étaient-ils des citoyens comme les autres ?
Association de familles spoliées
Arrivés en Suisse, les anciens colons se sont organisés en communautés, recréant un mode de vie oriental et méditerranéen, avec musique algérienne et méchoui au menu. En 1967, l'association de Suisses spoliés d'Algérie ou d'outre-mer a été créée à Genève avec d'anciens résidents algériens de toute la Suisse romande, qui chercha à obtenir une réparation pour les préjudices financiers liés à la perte des biens possédés dans les colonies.
On comprend entre les lignes que ce lien suisse avec l'Algérie a sans doute joué un rôle dans les liens tissés entre les Algériens indépendantistes et les diplomates suisses comme le Genevois Olivier Long lors de la guerre d'indépendance. Ce dernier a joué un rôle-clé dans les rencontres qui ont conduit les Français et les membres du Front de libération nationale de l'Algérie à dialoguer en Suisse et à Evian, jusqu'à la signature du cessez-le-feu dans la cité balnéaire en 1962.
Références
"Au revoir Algérie", publié par Seismo
Pour lire le dossier de geneveMonde.ch sur le rôle de la diplomatie suisse et plus particulièrement genevoise, cliquez sur ce lien.
Pour découvrir l'interview vidéo de l'historienne et co-autrice d' "Au Revoir Algérie", cliquez sur ce lien.
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In 2003, a man from Geneva initiated a dialogue between Israelis and Palestinians far from the diplomatic arena. His aim: to achieve a two-state solution. The RTS archives bear witness to the dynamic generated by this ‘Geneva Initiative’.