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Nuit d'effroi avec les Américains de Genève

Nuit d'effroi avec les Américains de Genève

November 8th, 2016
David Glaser, reporter geneveMonde

Sur cette photo, il est encore tôt en ce 8 novembre 2016, une soirée historique. Nous sommes sur territoire genevois et je suis "envoyé spécial" du Quotidien de La Côte, le journal nyonnais qui couvre l'actualité de la Côte vaudoise et de ses environs. Il n'est pas spécialement dans les habitudes du journal de s'intéresser aux expatriés anglophones nombreux qui vivent dans la région mais c'est un peu différent cette fois. Hillary Clinton est opposée à un homme politique très peu conventionnel : Donald Trump. On est donc à quelques centaines de mètres de la ville de Genève, ville-monde, c'est "soirée d'élection" à la Villa Sarrasin, à deux pas de l'aéroport de Cointrin qui tous les jours permet aux avions Boeing et Airbus d'effectuer des liaisons entre Genève et les Etats-Unis.

Une soirée des Democrats Abroad Switzerland

Anne Shelton-Aaron, présidente des Democrats Abroad Switzerland, prend le micro. C'est elle et son équipe qui accueillent chacun des participants à cette soirée électorale festive. Je croise quelques ex-collègues de World Radio Switzerland, un ex-réseau national de radio en anglais et qui faisait le lien entre les cultures anglosaxonnes et la Suisse. On pense bien sûr que le successeur de Barack Obama sera une Dame, une ex-Première dame dont le mari avait marqué de deux mandats l'histoire de l'Amérique de la fin du siècle dernier entre 1993 et 2001. Chez les Démocrates du bout du Lac, on avait organisé une soirée spéciale pour 300 Américains vivant à Genève et autour, des progressistes pro-Clinton et des Républicains pro-Trump aussi même s'ils étaient en très forte minorité.

Small talk obligatoire

Un soir de gala du "monde libre", un souper bipartisan avec des hot dogs aux oignons frits au ketch-up industriel sucré et épicé à souhait, dans une villa classieuse où la culture joyeuse et spontanée de l'Amérique fantasmée même au Kremlin a trouvé une place de choix. On se serait cru à une nuit de SuperBowl dans un bar sportif avec des fans en costard et cravate au code couleur rouge, blanc et bleu façon "stars and stripes" de la bannière étoilée. Bonne humeur et small talk obligatoires.

On arrive au creux de la nuit petit à petit après des moments de musique, de discours positifs et inclusifs, ainsi que quelques "rounds" de "miniburgers/bière" supplémentaires. Dans une ambiance électrique, les premières cartes s'illuminent, des "Swing States", des états qui tanguent entre la gauche et la droite à chaque élection. Pêle mêle, l'Ohio, l'Iowa mais surtout cette fois le Wisconsin, la Pennsylvanie, le New Hampshire, le Minnesota, l'Arizona, la Géorgie, la Virginie, la Floride, le Michigan, le Nevada, le Colorado, les Carolines (plus particulièrement celle du Nord) et mon très cher Maine affichent des résultats ultra-serrés, inutile de vous préciser que ces "Swingers" n'ont pas été fidèles à la famille Clinton.

Trumperie

A Genève, on ne se faisait pas de souci pourtant, Hillary allait devenir la première femme à diriger le pays le plus puissant du monde. Une soirée à la Villa Sarrasin de Genève avec tant de "beautiful people" de La Côte ou de Genève, de Lausanne ou de la Riviera, des personnes engagées dans des organisations internationales, des ONG, des écoles internationales ou dans le milieu de la finance, du trading, de l'art, de la philanthropie ou des entreprises multinationales, my God... ça avait beaucoup d'allure. Mais elle s'est terminée par un choc d'ampleur gigantesque. Ce 8 novembre 2016 est synonyme de séisme digne d'une faille de San Andreas en mouvement, semblable à un déboulonnement de la Statue de la Liberté et de la Cathédrale Saint-Pierre de Genève. Avec l'arrivée au pouvoir de l'homme d'affaires de Queens au pouvoir, avec la validation du programme ultra-droitier de son programme, l'animateur de téléréalité "The Donald" entre dans le cerveau de toute une Villa genevoise pour traumatiser ses occupants. L'expression "You're fired" que Trump aimait tant balancer à chaque épisode, à chaque candidat rejeté de son émission "The Apprentice" n'a jamais aussi mal résonné dans la tête des Démocrates de Genève présents ce soir-là.

"Les attraper par..." les parties intimes

Trump, l'homme d'affaire, amateur de catch et de l'équipe de baseball des Mets, supposé séducteur mais confondu pour ses frasques d'agresseur de femmes qu'il dit pouvoir "attrapper par..." les parties intimes, Trump, le propriétaire de buildings à Manhattan, de casinos à Atlantic City et d'ensembles d'immeubles qu'il n'entretient pas à Brooklyn, Trump le menteur patenté, le "rénovateur" d'une politique excluant les immigré.e.s, conseillé par Steve Bannon, ce chef de campagne qui avait fait le pari d'un redressement de dernière minute de ses courbes de vote, alors que les plus proches conseillers (Reince Priebus, Rudy Giuliani, Chris Christies, Kellyanne Conway ou le candidat à la vice-présidence l'ultra-conservateur Mike Pence) lui avaient tous conseillé de lâcher l'affaire, Trump vient de triompher.

Danny Warner face à James Foley et Ed Karr

Cette photo de la "Chair" des démocrates de l'étranger (section suisse) représente un moment de la soirée qui précède de plusieurs heures la révélation du nom du vainqueur. Anne-Shelton, qui soutenait sa candidate avec confiance, rayonnait par son charisme et sa joie d'avoir pu attirer les deux camps sans trop de difficultés. Cette "nuit américaine" entre blues et rock, discours et discussions entre "ami.e.s" donnait une image de la Genève internationale positive et agréable pour les médias locaux. Le politologue et professeur genevois d'origine new-yorkaise Daniel Warner et quelques représentants de la famille des Républicains genevois comme James Foley ou Edward Karr débattaient avant que les résultats de 4 heures du matin ne viennent définitivement achever une assistance lentement horrifiée par la tournure des événements. Les visages des quelques participants sont défaits, livides... et cela n'a rien à voir avec la fatigue ou une qualité discutable des hot-dogs servis.

Les Proud Boys et le Capitol envahi

Près de huit ans plus tard, après des manifestations de "Proud Boys" à Charlottesville et une invasion du Capitole par des supporters du mouvement "Make America Great Again" (ils venaient contester les résultats de l'élection de Joe Biden en 2020), Donald Trump vient de remporter les caucus de l'Iowa en terrassant son adversaire républicain Ron DeSantis qui s'est depuis retiré de la course. La seule adversaire restante chez les Républicains est une Républicaine. Son nom est Nikki Hailey, elle a servi Trump dès 2021 en tant que représentante des Etats-Unis à l'ONU. Allons-nous vers un remake de l'élection de 2016 où Joe Biden avait convaincu une majorité de grands électeurs américains, ou devons-nous miser sur une surprise, encore plus grande que celle de 2016 ? Encore quelques semaines et mois à attendre... Et la soirée électorale de la Villa Sarrasin sera peut-être rejouée ailleurs.

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Jan 23rd, 2024
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