Conte (apocalyptique) de Noël
Photo Falcon Hierro Ernesto
Il était une fois, dans un pays bordé par de multiples frontières, une ville millénaire que d’aucuns avaient surnommé la plus grande des petites cités. Quelques montagnes aux sommets dont la neige fondait inexorablement, se reflétaient dans le miroir d’un lac immense. Parée de ses plus beaux atours, son jet d’eau, tel un index pointé vers le ciel, attirait comme un étendard, les peuples du monde. Chacun devisait, dans sa langue respective, au sein de palais prestigieux, négociait dans des salles de conférences pavoisées ou le long de couloirs constellés d'œuvres d'art pour tenter de proposer un monde meilleur. Leurs demandes perturbaient les agendas des puissants et avaient peu de chances d'aboutir. Les années, les décennies s’écoulaient lentement en mêlant leurs eaux parfois tourmentées vers l'embouchure d'une prétendue civilisation. L’humanité n’évoluait guère. Les dirigeants des peuples de la Terre étaient bien davantage préoccupés par leur attrait du pouvoir et leur appétit de puissance éphémère que par le sort de leurs concitoyens. Dans cette société, les plus riches devenaient encore plus riches, alors que les pauvres mouraient de faim, souvent dans l’indifférence générale. Le gaspillage alimentaire côtoyait la famine. Les gouvernants,étaient focalisés sur le court terme de leurs échéances électorales tandis que d'autres, qui étaient parvenus à devenir dictateurs, décidaient de la vie et de la mort de populations. Dans la cité helvète, le ronronnement des négociations était parfois ponctué par des réactions fugaces. Cependant, même les pires atrocités, pourtant détaillées par des écrits sans concessions, rédigés par des témoins sur place, permettaient peu que les conflits ou les horreurs ne s’atténuent. L’impunité, présente dans toutes les strates de cette société des puissants, permettait, trop peu souvent que ces derniers ne rendent compte de leurs actes. Des familles entières tentaient d’échapper à leur triste sort en franchissant, au péril de leurs vies, des frontières pour rejoindre un eldorado hypothétique qu’ils avaient entraperçu sur un écran. Ces mêmes malheureux étaient parfois pris en otages par les dirigeants de pays qui exploitaient la misère humaine pour favoriser leurs agissements autoritaires. Pour couronner cette fuite en arrière, l’humanité, dans son orgueil insensé avait considéré que la planète lui appartenait en gaspillant ses ressources non renouvelables. En détruisant les forêts, en dévastant les océans, ils avaient provoqué l’élimination d’un tiers des espèces vivantes, démoli la biodiversité de la nature en déversant sans vergogne leur égoïsme sous forme de déchets et de pollutions diverses. Le fol humain avait organisé,au fil des années, une lente mais inexorable catastrophe climatique qui l'avait placé dans "une situation de menace existentielle directe" et légué cet héritage aux générations futures. Comble de la bêtise, certains pensaient exporter ce "savoir-faire" sur une planète rouge au lieu de réparer une planète bleue. Entre l’air, devenu irrespirable des villes et la montée des eaux qui à terme, allait impacter 70% de la population mondiale vivant près des côtes, le sort de 8 milliards d'humains sur la planète semblait bien compromis. La disparition des équilibres naturels avait, de surcroît, favorisé les maladies, épidémies et autres pandémies qui se propageaient désormais comme des traînées de poudre en raison de la multiplicité et de la rapidité des moyens de transport. Quelques multinationales spécialisées dans la santé avaient, par opportunisme commercial, accumulé pendant ce temps, des fortunes colossales en acquérant un monopole qui, certes, avait permis de soigner la population mais qui aurait aussi dû laisser la place aux questionnements. Des réactions planétaires appelées pompeusement conférences d’États signataires semblaient, par leurs résultats décevants, voire dérisoires, ne pas avoir pris la mesure de la situation, ni proposé des solutions susceptibles de l’améliorer. Une jeunesse triomphante et mobilisée avait pourtant tenté, avec détermination, de les responsabiliser.
Après une pandémie, où le temps avait semblé s'immobiliser,les mêmes comportements resurgissaient. Une guerre meurtrière proche mais si impalpable préoccupait les habitants, davantage pour une question de confort et de train de vie que pour les atrocités qu'elle provoquait.
Il s’agit d’un conte. Où sont donc passés, me direz-vous, les fées et leurs baguettes magiques, les lutins et autres créatures de légende? Ils sont pourtant bien présents mais on ne les voit guère! En toute discrétion, ils continuent à y croire avec abnégation. Ils travaillent d’arrache-pied à une cause pour laquelle ils s’étaient engagés, qu’ils soient dans leurs enceintes ou au sein des populations qui en ont besoin.
Discover and enrich the history of International Geneva
Cher monsieur Christian David, travailler d'arrache-pied volontairement ou pas c'est de la torture, et c'est exactement D'ELLE que se nourrissent les insatiables de ce monde
Quand il y en a pas assez pour eux ils savent l'obtenir par la force (leur lâcheté) et ceci à vitesse grand V
Merci cher Christian pour ce récit qui ne permet plus la simple ignorance du à une méconnaissance totale du sujet
Amicalement Renata
Chère Renata, merci pour ce commentaire. J'ai toujours été fasciné par l'écriture des contes qui laissent apparaître, au fil des relectures, des éléments qui se révèlent en fonction de la période et de l'état d'esprit du moment. Cependant, je le confirme, les lutins sont bien présents, je les rencontre régulièrement !