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Quand l'armée devait (aussi) protéger le Palais de la SdN

Quand l'armée devait (aussi) protéger le Palais de la SdN

November 9th, 2012
Claude Zurcher

Cette photo a été prise le 9 novembre 2012, sur la Plaine de Plainpalais. Il s'agit d'un graffiti au chablon dénonçant la fusillade du 9 novembre 1932, quand l'armée a tiré sur des manifestants à Genève, faisant 13 morts et une centaine de blessés (lire à ce propos l'article de Patrick Auderset, paru dans L'Inédit, le magazine de notreHistoire.ch: 9 novembre 1932, des témoins racontent).

Dans la brochure éditée en novembre 2022 par le Comité du 9 novembre 1932 (1) et le Collège du travail (2) - publication qui accompagne l'exposition actuellement visible sur la Plaine de Plainpalais mise en place par ces deux organisations - un document intéressant rappelle que l'ordre de mission de l'armée avait été signé par le conseiller d'Etat Frédéric Martin. Dans cet ordre, il est dit que l'armée - sous le commandement du colonel Léderrey - devait tout à la fois "garder la caserne et l'Arsenal, protéger le Palais de la SdN, au quai Wilson, coopérer à l'action de la police en vue du maintien de l'ordre à la rue de Carouge et aux environs de la Salle communale de Plainpalais (...)" et agir pour "le rétablissement de l'ordre en ville après la manifestation."

Dans l'évocation de ces événements tragiques, il est rare de considérer la protection du Palais Wilson, siège de la Société des Nations entre 1920 et 1936 (3), parmi les enjeux du maintien de l'ordre durant ces journées de contestation sociale.

Les documents publiés dans cette brochure sont accompagnés de nombreuses citations. J'en retiens une particulière: celle du Robert Dell, correspondant à Genève du Manchester Gardian. "Dans ma longue expérience je n'ai pas connaissance d'un cas où l'on ait tiré sur la foule avec aussi peu de raison. Bien plus, sans raison aucune." (4)

Qui était Robert Dell? Journaliste et militant socialiste britannique (5), Robert Dell (1865-1940) accomplit ses études à l'University College d'Oxford en 1884. Cinq ans plus tard, il rejoint la Fabian Society et entre à son comité exécutif. La Fabian Society était un cercle de réflexion et un club politique de centre-gauche. De mouvance socialiste et réformatrice, elle a été partie prenante de la création du Parti travailliste en 1900.

En 1893, Robert Dell est rédacteur en chef du Surrey Mirror. En rejoignant l'Eglise catholique en 1897, il devient un écrivain moderniste et antifasciste de premier plan. Sa carrière journalistique se poursuit en tant que rédacteur en chef de la Review of the Week en 1900, puis à The Connoisseur en 1902. En 1906, il s'installe à Paris, devient marchand d'art.

En 1918, Robert Dell est le correspondant à Paris du Manchester Guardian mais, expulsé par les autorités françaises, il s'installe à Genève. Il continue à travailler comme correspondant à l'étranger pour des journaux britanniques, passant du temps à Berlin, de retour à Paris, puis de nouveau à Genève. En 1939, il s'installe à New York où il meurt l'année suivante.

Des photos du 9 novembre 1932 et des jours qui suivirent sont publiées sur notreHistoire.ch.

  1. collegedutravail.ch
  2. Comité du 9 novembre 1932 cgas.ch/9novembre
  3. Sur le Palais Wilson, lire l'article du site geneve-int.ch geneve-int.ch/fr/node/4152
  4. Cité dans le journal Le Travail, 14 novembre 1932
  5. Wikipedia version anglaise: en.wikipedia.org/wiki/Robert_Dell_(socialist)
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